Gironde : pourquoi 20.000 bouteilles de vin ont-elles été livrées dans une prison ?

Une livraison anormale a attiré l'attention des gardes de la prison de Bordeaux-Gradignan. Le 28 août 2025, 20.000 bouteilles de vin sont arrivées au centre pénitencier. 

"Faire livrer de l’alcool dans une prison est lunaire, c’est comme si on faisait rentrer des palettes de cannabis... Au départ, on a cru à une erreur : on s’est dit que c’était un camion de la foire aux vins des supermarchés qui s’était trompé de route", a confié un surveillant pénitentiaire au Figaro. 

Depuis leur livraison par Vignes et Gastronomie, ces bouteilles reposent dans les ateliers de la prison. Les surveillants ont ensuite appris que l'alcool avait été commandé pour garnir des paniers gourmands que certains prisonniers fabriquent. D'après les employés, ils n'avaient pas été prévenus, "pas même avec la diffusion d'une note de service". Ils n'ont pas non plus reçu de consignes sur une surveillance supplémentaire des détenus à proximité des bouteilles. Pour un groupe de 70 à 80 détenus, seulement deux agents les surveillent. D'après Ronan Roudaut, délégué syndical, "on nous met en difficulté, une bouteille brisée peut être utilisée comme une arme". 

Une livraison qui indigne les syndicats

Le syndicat de l'Ufap, l'Union Fédérale Autonome Pénitentiaire, s'est indigné de cette livraison de plusieurs milliers de litres de vin. Selon eux, il est "complètement absurde de faire livrer des bouteilles d'alcool de toutes sortes et ce genre de mets dans un milieu où des individus privés de liberté pour 15 à 20 ans n'ont pas accès à ces denrées". Dénonçant fortement l'irresponsabilité du centre pénitencier, le syndicat estime que "c'est une mise en danger gratuite et du pousse-au-crime pour les détenus". 

D'après l'Ufap, il est inconscient d'entreposer des litres de vin dans des ateliers où "plusieurs détenus, qui ont commis leurs crimes et délits sous l’empire de l’alcool, deviennent extrêmement violents quand ils en boivent". Le délégué syndicat a déploré la décision de la direction de faire faire des paniers garnis qui contiennent de l'alcool à des prisonniers. En effet, selon Ronan Roudaut, "si ce sont des personnes alcoolisées qui se battent, on ne pourra absolument rien faire".