Devant le corps de sa sœur Ahlam à la morgue en 2010, Hager Sehili a fait deux promesses. La première de s'occuper de son bébé comme s'il était son propre fils. La deuxième, de lui rendre justice même si son meurtrier n'était lui-même plus de ce monde.
Quelques jours avant cette double promesse prononcée dans la douleur, Hager Sehili apprenait l'horreur : sa sœur venait d'être tuée par son mari et lui, s'était ensuite jeté par la fenêtre. La veille, Ahlam avait alerté la police de Strasbourg au sujet des violences conjugales qu'elle subissait. L'agent qu'elle rencontre à ce moment-là lui coupe la parole et lui dit : "S'il vous arrive quelque chose, vous direz que c'est la faute de la police."
Lorsque Hager entend ce qui s'est passé, elle n'en croit pas ses oreilles. "Je leur dis que je compte déposer plainte contre X pour retrouver le policier en question", raconte-t-elle dans Les Voix du crime.
Là, c'est la guerre
Hager Sehili, soeur d'Alham, victime de féminicide
Pendant deux ans et demi, Hager Sehili appelle le tribunal de Strasbourg toutes les semaines. On lui répond que sa plainte est en cours de traitement... jusqu'au jour où elle s'aperçoit que sa plainte n'existe tout simplement pas, dû "à une faute de frappe". "Là, c'est la guerre, insiste-t-elle. J'appelle mon avocate, je lui dis qu'on dépose plainte contre l'État."
Cette procédure va durer presque onze ans, pendant lesquels Hager Sehili développera deux cancers. "Tout le corps médical s'est accordé à dire que c'était le choc", se souvient-elle aujourd'hui. Malgré tout, elle parvient à tenir une de ses deux promesses en récupérant la garde de son neveu, âgé seulement de quelques mois à la mort d'Ahlam.
J'avais rendu justice à ma sœur, c'était la seule chose qui importait pour moi
Hager Sehili, soeur d'Alham, victime de féminicide
En mars 2021, la décision tombe : Hager Sehili a réussi à faire condamner l’État pour "dysfonctionnement des services publics de la justice". C'est une première dans une affaire de féminicide, mais à ce moment, elle l'ignore. "Je l'ai su par un journaliste de Rue89", raconte-t-elle. "Je n'étais même pas au courant. Pour moi, la condamnation de l'État, c'était bon. J'avais rendu justice à ma sœur, c'était la seule chose qui importait pour moi."
Deux ans après, la voilà fière d'avoir obtenu cette victoire : elle parcourt la France pour échanger et sensibiliser aux violences conjugales à travers son association À l'âme. En 2024, une pièce intitulée Elle ne m'a rien dit - d'après le témoignage d'Hager Sehili (Hakim Jaziri) sera aussi en représentation dans plusieurs villes. Une manière de rendre hommage au nom de sa sœur, et de faire vivre les promesses qu'elle lui a faites à sa mort.
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