ÉDITO - Mort d’Élias : la lettre de sa mère "est un uppercut qui nous laisse K.O. face à nos responsabilités", pour Isabelle Saporta

Quatre mois après le meurtre d'Élias, assassiné pour un téléphone portable, sa mère sort du silence dans une lettre ouverte poignante. C’est une lettre qu’on lit les larmes aux yeux et la boule au ventre. La lettre d’une mère à qui on a arraché son enfant.

Un enfant sans histoire qui n’a pas pu écrire la sienne, parce qu’il a croisé la route de deux adolescents ultra violents. Deux multirécidivistes de 16 et 17 ans, deux malfrats qui l’ont sauvagement assassiné à coup de machettes. Cette lettre est un uppercut qui nous laisse K.O. face à nos responsabilités.

Responsabilités politiques d’abord : la mère d’Élias rappelle l'inconséquence de l’édile du XIVe arrondissement de Paris. Selon elle, Carine Petit “n’a pas jugé bon de sécuriser les abords du stade qu’elle savait mal fréquentés”.

Responsabilités judiciaires ensuite, car la mère d’Élias désigne ces juges qui ordonnent à deux reprises (en 2023 et 2024) une interdiction pour ces deux délinquants d’entrer en contact sans savoir qu’ils habitent dans la même résidence.

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Responsabilités médiatiques, enfin, car nous, médias, avons dit couteau plutôt que machette. Ce sont les informations dont nous disposions. Sa mère est également meurtrie qu’on ait pu laisser croire que son fils avait refusé de donner son portable sous la menace.

Personne ne reprochera au gouvernement et à la police d’en faire trop.

Isabelle Saporta

Mais ça ne change rien à la vérité dans son extrême cruauté : quand des délinquants violents s’en prennent à vous, quand ils décident de vous tuer, vous ne pouvez rien faire. Comme les professeurs de ce lycée d’Étampes ne pouvaient rien faire quand des élèves leur ont lancé une porte sur la tête depuis le quatrième étage, seule la chance les a sauvés. Mais compter sur notre seule chance, pour survivre, ce n’est pas digne de notre société prétendument civilisée.

On sait qu’il y a des gamins qui en tuent d’autres avec des couteaux, des haches ou des machettes, pour un portable ou un simple regard. On sait que des bandes rivales s’entretuent. On sait que le narcotrafic utilise des mineurs comme guetteurs, voleurs ou assassins.

Alors qu’est-ce qu’on attend pour faire des descentes dans les lycées ? Les collèges ? Partout où c’est nécessaire ? La ministre de l’Éducation nationale a annoncé 958 contrôles de sacs depuis fin mars. Il faut en faire 10.000 si c’est nécessaire. Personne ne reprochera au gouvernement et à la police d’en faire trop. Par contre, on leur reprochera chacun de nos enfants morts.