ÉDITO - Attaque au couteau à Paris : les radicalisés qui sortent de prison "sont-ils suffisamment surveillés ?", se demande Ventura

Après l'attentat au couteau qui a fait un mort le 2 décembre à Paris, beaucoup de questions se posent. En particulier, le fait que l'assassin soit une nouvelle fois fiché S interroge. Que faire des fichés S, ou en tout cas des fichés S dont on considère qu’ils nécessitent une surveillance particulière ?

Tous les fichés S ne sont pas des terroristes, mais que faire des plus dangereux, ceux dont on pense qu’ils peuvent passer à l’acte ? L’assaillant de samedi soir était dans les radars, comme l’était le terroriste qui a tué Dominique Bernard au Lycée d’Arras.

Il est donc légitime de se poser la question de ce statut de fiché S pour radicalisation islamiste et de la surveillance effective. Le terroriste franco-iranien avait fait 4 ans de prison parce qu’il avait l’intention de commettre un attentat et on a appris que sa mère avait même fait remonter son inquiétude fin octobre. 

Mais il faut des éléments étayés pour pouvoir agir : dans un État de droit, on n'enferme pas les gens sur des soupçons. Par ailleurs, l'assaillant avait été "mis à l’abri", puisqu’il a fait quatre ans de prison. C’est là, d'ailleurs, une autre question qui se pose : la sortie de prison des personnes radicalisées. 

Sont-elles suffisamment surveillées ? En a-t-on vraiment les moyens ? Depuis 2012 et l'attentat commis par Mohammed Merah, il y a eu 274 morts dans des attaques islamistes sur notre territoire. Quand on regarde leur pedigree, les terroristes étaient tous fichés S et, dans beaucoup de cas, avaient des liens les uns avec les autres. Une partie d’entre eux avaient également des troubles psychiatriques.

Le difficile suivi psychiatrique

Dimanche 3 décembre, au lendemain de l'attaque, le ministre de l'Intérieur a indiqué qu'il souhaitait que les autorités puissent "demander une injonction de soin" pour les personnes radicalisées suivies pour troubles psychiatriques.

En l'occurrence, le terroriste de samedi avait été soumis à une injonction de soins. Il a menti à tout le monde, à son médecin, il a réussi à dissimuler son état. Quand on a affaire à des déséquilibrés radicalisés, c’est le risque. Sur les un peu plus de 5.000 radicalisés, on en compte environ 20% qui ont des problèmes psychiatriques et la plupart sont dans la nature, on ne peut pas tous les interner.

Bien sûr qu’il faut de la part des médecins psychiatres une très grande vigilance, sachant qu'ils sont dans une grande situation de précarité et qu'ils ne sont pas assez nombreux. En revanche, parce qu’il y a des spécialistes qui estiment que ce n’est pas leur métier, il est absolument nécessaire qu’ils collaborent avec les services de renseignement. De toute façon, troubles psychiatriques ou pas, il va falloir un autre mode d’action face aux fichés S les plus dangereux, même si le risque zéro n’existe pas.

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