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Hamza, chauffeur VTC de 27 ans a été touché par 22 balles lors d'une course le 11 janvier.
Crédit : RTL
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"Je ne devrais pas être là à vous parler… ". Douloureusement assis sur son lit médicalisé, Hamza* ressasse depuis trois semaines la traumatisante soirée du 11 janvier. "Je ne dors plus et dès que je ferme les yeux, je vois ce mec avec une kalachnikov qui me tire dessus", témoigne ce jeune chauffeur VTC au micro de RTL, après avoir livré ses premiers mots au journal La Provence.
Ce soir-là, il reçoit une commande pour un "aller-retour", son client s’engouffre dans sa berline et ils prennent la direction de la cité des Aygalades dans le 15ème arrondissement de Marseille. Arrivés à destination, le passager lui demande de patienter 5 minutes en bas d’un immeuble, le temps pour lui de monter rapidement dans un appartement et de revenir. "J’étais seul, à l’arrêt et tout à coup, je vois une voiture entrer dans le quartier, avec deux types cagoulés à l’intérieur. Je ne m’inquiète pas plus que ça. Ils font un tour et je vois dans mon rétroviseur un mec qui descend de la voiture avec une kalachnikov. Il vient vers moi, je sors et je lui dis : 'je ne suis qu’un VTC, j’y suis pour rien' souffle Hamza. 'Y’a qui derrière ? Tu vas voir !'", crie l’homme encagoulé.
Persuadé que sa cible est toujours dans le véhicule, il charge son arme pendant que le chauffeur tente de prendre la fuite au volant. "Il a commencé à tirer, tirer, tirer. 22 balles ont été retrouvées (sur la scène de crime, ndr)". Touché par deux projectiles à l’épaule et au dos en quelques secondes, bloqué dans une impasse de la cité, Hamza se jette hors du véhicule pendant que le malfaiteur "arrose" encore la plage arrière de la voiture.
La déduction du jeune homme est limpide : "si je reste dans l’habitacle, il va venir me tuer direct". Hamza court et se réfugie, en sang, dans un snack. La police arrive rapidement, le policier qui prend en charge la victime est un ancien pompier. Il tente de bloquer l’importante hémorragie et en attendant l’ambulance, il parle au chauffeur en état de choc. "Si je m’étais endormi, je risquais une hémorragie interne. C’est grâce à lui que je suis vivant, je veux le remercier de m’avoir sauvé la vie".
Opéré à l’hôpital, Hamza va devoir conserver dans son corps la balle qui lui a explosé l’épaule et que les médecins n’ont pas pu extraire. L’autre projectile lui a frôlé la colonne vertébrale. "Aujourd’hui je suis dans un lit, je n’arrive pas à bouger, je ne vais jamais retrouver l’entière mobilité de mon bras gauche, ma vie est gâchée par un gamin qui ne me connaît pas, qui s’est trompé et m’a tiré dessus", conclut Hamza.
À Marseille, les équipes de tueurs chargées des règlements de comptes utilisent souvent des traceurs GPS qu’elles collent sous le véhicule de la personne visée. Pour se contrecarrer cette macabre tactique, certains se déplacent maintenant en VTC, changeant ainsi de moyen de transport à chaque trajet pour brouiller les pistes.
Pour l’avocat du chauffeur, Hervé Seroussi, commence maintenant le long combat de la reconnaissance du statut de victime et de l’indemnisation de son client. "La police l’a interrogé sur son lit d’hôpital dès le lendemain et lui a rapidement rendu son téléphone portable et ses effets personnels. S’il avait été soupçonné d’appartenir à un quelconque trafic, ils auraient été mis sous scellé en attendant le procès", précise-t-il.
Travailleur indépendant et donc totalement privé de revenus pour le moment, Hamza a déposé une demande à la CIVIP, la commission d’indemnisation des victimes d’infractions. Son conseil essaye d’obtenir une avance sur indemnisation. "Les médecins sont tous d’accord pour dire qu’il ne pourra plus utiliser son bras comme avant et encore moins de façon professionnelle. Pour l’instant il y a le temps de l’enquête, puis le temps du procès pénal pour le tireur et ensuite seulement le procès au civil qui devra évaluer ses séquelles via une expertise médicale. La réalité pour lui aujourd’hui, c’est qu’il doit continuer de payer son loyer, et comme il était chauffeur indépendant, pour le moment il n’a droit à rien", détaille Maître Seroussi.
Hamza venait de réussir des examens pour devenir taxi. Mais ses blessures sont aussi psychologiques. "Impossible pour moi de reprendre ce métier, de charger à nouveau quelqu’un dans ma voiture, j’ai peur. Parfois je me dis que je suis vivant, pas en fauteuil roulant, mais je ne suis plus à 100%" témoigne-t-il.
*Hamza : le prénom a été modifié
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