"Je ne devrais pas être là à vous parler… ". Douloureusement assis sur son lit médicalisé, Hamza* ressasse depuis trois semaines la traumatisante soirée du 11 janvier. "Je ne dors plus et dès que je ferme les yeux, je vois ce mec avec une kalachnikov qui me tire dessus", témoigne ce jeune chauffeur VTC au micro de RTL, après avoir livré ses premiers mots au journal La Provence.
Ce soir-là, il reçoit une commande pour un "aller-retour", son client s’engouffre dans sa berline et ils prennent la direction de la cité des Aygalades dans le 15ème arrondissement de Marseille. Arrivés à destination, le passager lui demande de patienter 5 minutes en bas d’un immeuble, le temps pour lui de monter rapidement dans un appartement et de revenir. "J’étais seul, à l’arrêt et tout à coup, je vois une voiture entrer dans le quartier, avec deux types cagoulés à l’intérieur. Je ne m’inquiète pas plus que ça. Ils font un tour et je vois dans mon rétroviseur un mec qui descend de la voiture avec une kalachnikov. Il vient vers moi, je sors et je lui dis : 'je ne suis qu’un VTC, j’y suis pour rien' souffle Hamza. 'Y’a qui derrière ? Tu vas voir !'", crie l’homme encagoulé.
Persuadé que sa cible est toujours dans le véhicule, il charge son arme pendant que le chauffeur tente de prendre la fuite au volant. "Il a commencé à tirer, tirer, tirer. 22 balles ont été retrouvées (sur la scène de crime, ndr)". Touché par deux projectiles à l’épaule et au dos en quelques secondes, bloqué dans une impasse de la cité, Hamza se jette hors du véhicule pendant que le malfaiteur "arrose" encore la plage arrière de la voiture.
La déduction du jeune homme est limpide : "si je reste dans l’habitacle, il va venir me tuer direct". Hamza court et se réfugie, en sang, dans un snack. La police arrive rapidement, le policier qui prend en charge la victime est un ancien pompier. Il tente de bloquer l’importante hémorragie et en attendant l’ambulance, il parle au chauffeur en état de choc. "Si je m’étais endormi, je risquais une hémorragie interne. C’est grâce à lui que je suis vivant, je veux le remercier de m’avoir sauvé la vie".
Opéré à l’hôpital, Hamza va devoir conserver dans son corps la balle qui lui a explosé l’épaule et que les médecins n’ont pas pu extraire. L’autre projectile lui a frôlé la colonne vertébrale. "Aujourd’hui je suis dans un lit, je n’arrive pas à bouger, je ne vais jamais retrouver l’entière mobilité de mon bras gauche, ma vie est gâchée par un gamin qui ne me connaît pas