DOCUMENT RTL - "Qu'on ne les oublie pas !" : un an après le drame, l'appel des proches des trois policiers tués dans le Nord

Elles ont l'impression d'avoir pris "perpétuité". Il y a un an, le 21 mai 2023, trois jeunes policiers de Roubaix ont perdu la vie en intervention. Manon, Paul et Steven, âgés de 24 et 25 ans, transportaient une jeune femme à l'hôpital quand ils ont été percutés par un automobiliste roulant à contre-sens, sous l'emprise de l'alcool et positif au cannabis, à Villeneuve d'Ascq.

Ce drame a suscité une intense émotion dans tout le pays. Le président Emmanuel Macron avait participé à un hommage national pour ces trois jeunes agents, exemplaires. Une marche blanche est organisée ce mardi 21 mai à Lille à la demande des familles qui appellent à se joindre à eux "les forces de sécurité et les citoyens qui se sentent concernés". Pour les proches comme pour les collègues policiers, le traumatisme est toujours présent. "La colère est toujours là, c'est injuste" témoignent Isabelle Raux et Marilou Dosseur, la maman et la compagne de Manon, l'une des trois gardiens de la paix tués.

Pour elle, c'était la protection des personnes qui comptait, elle était entière et très investie.

Marilou, la mère d'une jeune policière tuée dans le Nord le 21 mai 2023, sur RTL

À sa sortie de l'École de Police, classée parmi les premiers, Manon avait choisi de rester à Roubaix, secteur réputé difficile. "Pour elle, c'était la protection des personnes qui comptait, elle était entière et très investie" souligne sa maman. "Elle adorait raconter ses missions, s'intéressait au quotidien des gens sur le terrain" poursuit Marilou. La jeune femme, cavalière émérite depuis toute petite, s'apprêtait à intégrer la Brigade équestre.

Le conducteur en cause, du même âge que ces policiers, est également décédé dans l'accident. Il n'y aura pas de procès pour ces familles. "Ce n'est pas simple, comment entamer une reconstruction alors qu'il n'y a pas eu d'éléments d'explications au niveau de la justice" s'interrogent ses proches, qui restent éprouvés. 

Les deux sœurs cadettes de Manon sont toujours très marquées par cette épreuve. "Ce drame a eu des répercussions sur la vie de chacun à tous niveaux. C'est injuste" lâche Isabelle Raux. "Il a eu en quelque sorte la peine maximale, mais il nous a emporté avec lui et nous aussi, on a été punis" déplore Marilou, qui prévoyait de partir en voyage avec la jeune policière juste avant l'accident.

Cet accident mortel, provoqué par un chauffard contre trois jeunes policiers respectés, a suscité une forte vague d'émotions. Des messages de soutien ont afflué de partout pour les proches de Manon, Paul et Steven, également pour les fonctionnaires de police. Le commissariat de Roubaix leur a envoyé les dessins d'enfants, lettres d'habitants anonymes qui leur rendent hommage. "Cela aide à tenir, on se raccroche à cela, indique Isabelle Raux. Même le déplacement du Président laisse penser que ma fille a eu un destin exceptionnel." 

"Quand vous avez votre fille qui s'engage dans un métier comme celui de policier, vous savez qu'il y a des risques, mais cet accident de la route, c'est encore plus compliqué" poursuit cette maman désormais engagée contre les violences routières. "Les sanctions restent trop légères". À ses côtés, Marilou confirme : "Quand les gens boivent de l'alcool et prennent le volant, ils ont surtout peur de croiser la police, mais ils ne se rendent pas compte qu'ils peuvent briser des vies, leur famille aussi. Cela aurait pu être évité".

Les deux collègues de Manon laissent également des proches dans la douleur. Paul Médeiros allait être papa pour la première fois. Steven Greblac avait un petit garçon d'à peine un an. Sa compagne a officialisé son mariage à titre posthume dans le courant de l'année.  Ces familles vont se retrouver à Lille pour une marche blanche silencieuse ce mardi 21 mai après midi. "On veut continuer de parler d'eux, précise Marilou Dausser. Derrière les policiers, il y a des hommes et des femmes qui ont une vie. Manon me l'avait demandé, que s'il lui arrivait quelque chose, je continuerai à vivre et avancer."

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