Disparition d’Émile : "Je n’ai plus beaucoup d’espoir", soupire une habitante

Dans le hameau du Haut-Vernet où cet enfant de 2 ans et demi s’est volatilisé il y a quatre mois, les habitants vivent au rythme de l’enquête et des perquisitions. Une opération d’envergure a mobilisé 70 gendarmes ce mardi et le chalet d’été des grands-parents d’Émile a de nouveau été fouillé. Sans indice probant, le mutisme et les rumeurs s’accentuent dans ce village enclavé aux pieds des Alpes.

Le Haut-Vernet a profondément été touché par la disparition d'Émile.

Crédits : Hugo Amelin / RTL
Plusieurs perquisitions se sont tenues dans le hameau depuis la disparition d'Émile.

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Le jeune Émile est porté disparu depuis quatre mois.

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Le voisinage préfère éviter d'en parler pour ne pas alimenter les rumeurs.

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La famille du garçon disparu garde le silence depuis quatre mois.

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Les chênes ont viré au jaune-orangé et les bas-côtés qui grimpent au Haut-Vernet sont givrés. L’enquête démarrée au cœur de l’été patine alors que l’engourdissement de l’hiver approche. Dernières investigations en date : 36 habitations ont été perquisitionnées ce mardi 7 novembre, lors d’une vaste opération coordonnée par la Section de Recherches de Marseille.

Les chalets du Haut-Vernet et des alentours ont été fouillés mais aussi les habitations principales de ceux, majoritaires, qui ne vivent ici que l’été, comme Yannick, la quarantaine : "J’ai été perquisitionné ce matin à mon domicile dans les Alpes-Maritimes, puis convoqué ensuite ici au village pour que les gendarmes fouillent mon chalet. C’est la deuxième fois, ça a été rapide. Il n’y a pas d’ordinateur, ils n’ont rien emporté. Étant papa d’une petite fille de 7 ans, forcément ça met un coup au moral cette histoire. Je croise les doigts pour qu’ils le retrouvent".

Pour le moment, pas l’ombre d’une trace. Les utilitaires bleus cobalt et les véhicules banalisés des gendarmes saturent les deux rues du hameau. On voit les enquêteurs prendre des photos des jardins, envelopper des écrans d’ordinateurs et des boîtes de téléphones portables qu’ils engouffrent ensuite dans leurs coffres. "La perquisition n’est pas seulement numérique mais totale", glisse une source proche de l’enquête. "Donc les empreintes, les prélèvements, on ne s’interdit rien", ajoute-t-elle. Les gendarmes utilisent le logiciel Anacrime pour "croiser" les interrogatoires. Les ordinateurs confisqués serviront probablement à confirmer certaines déclarations.

Un hameau marqué par cette disparition

La dernière fois qu’Émile a été aperçu, c’était en contre-bas du massif chalet de ses grands-parents. Dans le jardin, on aperçoit une cabane d’enfant. Les volets sont clos, l’habitation déserte et les voisins peu causants. Ils sont environ une dizaine à rester ici l’hiver, lassés des duplex de journalistes, lassés de voir leur coin de paradis associé à un évènement tragique au retentissement national.

Jointe par RTL, la tante du petit garçon s’accorde au mutisme médiatique des parents d’Émile : "Je n’ai aucun message à faire passer. Merci, au revoir", nous dit-elle. Le couple d’une vingtaine d’année, très croyant, n’est plus sorti de son silence depuis son unique interview au magazine Famille chrétienne fin août.

Depuis, le petit étang du village a été drainé par les enquêteurs et un jeune agriculteur de 17 ans auditionné à plusieurs reprises par les gendarmes. Il avait eu une altercation verbale avec le grand-père d’Émile le matin de la disparition. Installé dans une ferme au bout du Vernet, aucune charge n’a été retenue contre lui.

"Je ne vois pas comment on pourrait retrouver cet enfant"

Les semaines passent, les pistes s’amenuisent et les rumeurs enflent. "Je n’ai plus beaucoup d’espoir", soupire Agnès, qui passe la moitié de l’année ici. "Quand je me promène au village, je sens que les gens n’osent plus parler, qu’ils ont peur d’alimenter des rumeurs. Alors ils disent : 'Moi j’ai mon point de vue, mais je ne le donnerais pas'. Si personne n’a rien vu au moment où Émile a disparu, je ne vois pas comment on pourrait retrouver cet enfant maintenant".
En redescendant des Alpes-de-Haute-Provence, direction Marseille, un employé d’une station d’autoroute se souvient de l’émoi causé par la disparition d’Émile cet été. "On voyait sa photo toute la journée à la télévision. Et là, je vois un couple en train de recharger sa voiture électrique. À côté : le même gamin, la même coupe, la même petite tête blonde. On a bien sûr appelé le numéro mis en place pour tout signalement. Ça n’a rien donné". Émile, deux ans et demi, a été vu partout mais n’a été trouvé nulle part.

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