C'est une affaire à 11 millions 600.000 euros. Le casse du siècle. "C'est un vol extraordinaire dans des proportions qui se n'est jamais passé", dit Richard Schittly, journaliste au Progrès de Lyon. Un vol sans arme, sans violence. "C'était dans la conception d'une simplicité incroyablement banale !", s’exclame Michel Neyret, l’ex-n°2 de la PJ de Lyon.
Par un homme pourtant comme tout le monde, sans histoire. "On le prenait pour Robin des bois qui avait réussi à voler des banques !", témoigne le journaliste. Lyon, 5 novembre 2009. Ce matin-là un fourgon blindé du transporteur de fond Loomis commence sa tournée. À son bord, trois employés.
Toni Musulin, le chauffeur, et deux de ses collègues comme l’explique Frédéric Perruche, journaliste à RTL. "Ça se passe un jeudi matin, c'est une tournée habituelle, Toni Musulin fait cette tournée depuis des années il connait parfaitement les lieux". Ils se rendent d'abord dans une succursale de la Banque de France, et chargent 11 millions 600.000 euros dans le fourgon.
"Après la première livraison de la banque de France, il y a la tournée. Il s'arrête sur un point de dépôt, ses collègues vont chercher des sacs et quand ils reviennent y'a plus personne le camion a disparu le conducteur avec !", précise Richard Schittly.
À l'époque, c'est Michel Neyret qui va être en charge de l'enquête : "On peut penser au vol simple par le chauffeur mais on peut aussi penser que le chauffeur répond à des instructions de ravisseurs de sa famille qui ont pris en otage ses enfants, sa femme, toutes les hypothèses sont échafaudées".
Pourtant, c'est bien Toni Musulin qui vide le fourgon de ses millions. Il avait même prévu un véhicule de relais, une Renault Kangoo. "Ce qui fait qu'il a transféré les sacs d'argent dans la camionnette et qu'il a loué à proximité un box souterrain. Il laisse tout l'argent et la Kangoo dans ce box, il part déjeuner tranquillement en se disant je vais revenir. Sauf que quand il revient le quartier fourmille de policiers et là il s'en va avec sa moto il quitte le pays pour aller en Italie", précise Frédéric Perruche.
Deux jours plus tard, les enquêteurs retrouvent le box de Musulin, et une partie du butin. "Le décompte fait état de 9,1 millions alors qu'il y en avait 11,6 millions, il manque 2,5 millions", détaille le journaliste de RTL à Lyon.
Pendant 10 jours, Musulin est en cavale. Mais contre toute attente, l'homme le plus recherché de France se rend lui-même à la police de Monaco. Son procès s'ouvre quelques mois plus tard, en 2010. Une affaire très médiatisée. Malgré la gravité des faits, sur internet, il est très populaire. Certains le présentent même comme un Robin des bois des temps modernes comme en témoigne Richard Schittly.
"Quand on le voit apparaître on est déçu, ce n'est pas vraiment Robin des bois qu'on voit apparaître c'est plutôt quelqu’un de désagréable, agressif, et qui va tenir tête au juge, qui va rester sur une thèse du justicier qui aurait voulu se venger de son employeur".
"Il n'invite pas ses collègues de travail, il va pas boire des pots avec eux, c'est quelqu’un d'extrêmement pingre, on l'appelle la pince", ajoute Frédéric Perruche.
Pourtant, de l'argent, il en a. L'enquête va révéler un train de vie étonnant pour un employé qui gagne 1.700 euros par mois. "D'abord ils vont découvrir qu'il a retiré plus de 100.000 euros sur ses comptes, il a plusieurs comptes bancaires, ils vont s'apercevoir qu'il est dans une SCI où il y a beaucoup d'argent, il gagne peu d'argent, il dépense, il a acheté une Ferrari à plus de 120.000 euros un an avant le casse" précise le journaliste de RTL à Lyon.
Une fortune bien cachée, tout comme les 2 millions et demi d'euros manquants. "Il laisse entendre qu'une partie a pu tomber du fourgon et qu'il n'a pas pu embarquer dans la Kangoo, il laisse entendre que ça peut être le propriétaire du box".
Pour les enquêteurs, pas de doute, c'est bien lui qui a conservé le butin. Dans une poubelle, la police retrouve la clé du fourgon blindé, mais aussi l'emballage en plastique vide, qui contenait les 2,5 millions en billets.
D'après Michel Neyret, les policiers trouvent la preuve de que Tony Musulin a touché les sachets qui contenaient l’argent manquant et qui ont été ouverts. "On fait un certain nombre de relevés scientifiques et ces relevés permettent de mettre en évidence trois empreintes digitales sur les emballages. L'une de ces empreintes appartient à Tony Musulin".
Condamné à 5 ans de prison ferme, la peine maximale requise par le parquet, Il est incarcéré et placé à l'isolement. "Les détenus connaissent son histoire, toute la France connaît son histoire et tout le monde se demande ce qu'il a fait des 2,5 millions, donc c'est une cible facile, proie facile. Il va vouloir exécuter la totalité de sa peine. Il va refuser toute remise de peine et il va faire les 5 ans jusqu'au bout pour dire voilà je ne dois plus rien à la justice j'ai payé ma dette et maintenant je m'en vais".
C'est ce qu'il fait. Il sort en 2013, en toute discrétion, et s'évapore. Est-il à l'étranger ? Ou quelque part en France ? Toujours est-il que s'il a récupéré l'argent, il ne risque plus rien explique Frédéric Perruche. "Il ne peut rien lui arriver puisqu'il a été jugé, on ne peut pas être jugé deux fois pour les mêmes faits, il peut pas être jugé pour recel puisqu'il a été jugé pour le vol".
"Lui, Toni Musulin, d'un point de vue judiciaire sa situation elle est réglée", dit Michel Neyret. Toni Musulin a emporté avec lui une part de mystère. Les deux millions et demi d'euros manquants ne sont pas près d'être découverts.
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