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Cold case : le disparu de la route Napoléon, Mathieu Haulbert, 10 ans, volatilisé le 25 juin 1983
PODCAST - RTL revient sur les affaires non élucidées. Ces fameux "cold cases" qui sont désormais regroupés au sein du parquet de Nanterre pour que des enquêteurs et des magistrats tentent de relancer des investigations. Mathieu Haulbert, 10 ans, a disparu à Peyroules dans les Alpes-de-Haute-Provence au début de l'été 1983.
Philippe et Lise Haulbert, les parents de Mathieu
Crédit : Etienne Baudu
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Nous sommes le 25 juin 1983. En ce beau samedi après-midi Mathieu Haulbert, 10 ans, est tout excité. Il va participer à sa première transhumance avec un copain, chez un berger que ses parents connaissent. Tee-shirt blanc, salopette en jean et bob sur la tête, il quitte le hameau de la Bâtie près de Castellane. Il emprunte la nationale RN85, la fameuse route Napoléon. D'ici à la ferme du berger il y a un peu plus de 3 kilomètres. Il dit bonjour en passant à une amie de la famille, le garagiste lui aussi l'aperçoit. Il est 14h30.
Mais 500 mètres après avoir franchi le col de Luens, les six marchands de fossiles installés toute la journée sur le bord de la route n'ont jamais vu Mathieu passer. Évanoui dans un des lacets de la nationale qui serpente dans la montagne..
Après de nombreuses recherches infructueuses dans une région escarpée, après des centaines d'affiches collées dans tout le département, l'enquête se focalise au fil des mois sur la piste locale mais elle patine, mal orientée même selon les parents de Mathieu, Philippe et Lise Haulbert : "Aucun de nos amis qui nous fréquentaient régulièrement, qui connaissaient Mathieu, qui connaissaient le climat familial, aucune de ces personnes n'a été entendue, jamais. Alors que les gens du village ne se privaient pas de ragots, que je n'étais pas le père de Mathieu, que Lise fumait du haschisch et je vous en passe et des meilleurs."
Le profil d'un suspect se dessine
Et puis, finalement, au fil de l'enquête, le profil d'un suspect se dessine. Georges Laugier. Un célibataire du coin, la trentaine, trapu et moustachu, un peu bourru. On le surnomme ici Tarzan. Et on le voit souvent rouler à tombeau ouvert sur les routes avec sa DS bleue, la seule de la région. Il a pourtant un alibi, il jouait au moment de la disparition aux boules avec un ami, Christian Maréchal. Mais après 4 longues années, l'ami fait faux bond et avoue avoir menti, Laugier l'a forcé à lui fournir un alibi. Georges Laugier est inculpé et renvoyé devant les assises en 1992, 9 ans après les faits.
Philippe, le papa se souvient : "On a pu à peu près reconstituer le film des évènements du samedi, les horaires, les itinéraires, tout ça s'imbrique parfaitement. Ce qui nous conduit à penser que Laugier est vraiment en première ligne des suspects." Mais en l'absence du corps, de preuves irréfutables et sans aveu du suspect, après 4 jours d'audience, Georges Laugier est acquitté.
Nous n'avons jamais lâché prise
Philippe Haulbert, le papa de Mathieu
Cet acquittement aurait pu sceller cette affaire. Mais les parents de Mathieu n'ont jamais lâché pas prise. Les deux retraités, âgés aujourd'hui de 74 et 75 ans, ont tout fait pour que l'affaire ne soit pas classée. Ils ont même repris récemment le dossier et relu tous les PV d'audition. Ils ont redécouvert le témoignage d'un voisin du village. 4 jours après la disparition du garçon, il explique que le fameux Georges Laugier l'a emmené dans sa DS bleue. Ils doivent aller coller des affiches de Mathieu à Draguignan.
Mais Laugier fait un long détour pour s'arrêter au pied de ruines, loin de toute habitation. Pour Philippe et Lise ce témoignage n'a pas été suffisamment exploité : " Nous nous sommes aperçus que le lieutenant-colonel Ribes de la gendarmerie avait demandé à Rosny-sous-Bois (Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale) de donner des moyens pour faire des recherches approfondies sur cette ruine. Moyens qui lui ont été refusés à l'époque parce que Rosny estimait que, 16 ans après, ils n'avaient pas les moyens adéquats."
Des ruines
Crédit : Etienne Baudu
Rapprocher l'affaire de Mathieu avec celle des disparus de l'Isère
Oui mais voilà, Georges Laugier est décédé l'an dernier. Lise et Philippe ne s'avouent pourtant pas vaincus. Il faut interroger à nouveau celui qui avait fourni l'alibi, Christian Maréchal qui sait quelque chose, ils en sont persuadés. Et puis aussi retourner sur ces ruines avec des moyens techniques modernes.
Aujourd'hui, 40 après les faits, le pôle cold case de Nanterre s'empare de l'affaire. L'avocat de la famille veut explorer en parallèle une autre piste. Maître Didier Seban espère aussi que les magistrats de Nanterre vont rapprocher l'affaire de Mathieu avec le dossier des disparus de l'Isère. Neuf disparitions ou meurtres d'enfants survenus dans le département voisin entre 1980 et 1996 : "Il y a Michel Peiry, un tueur suisse qui est passé dans la région. Il y a aussi Van Coppernole qui a tué des enfants notamment à coup de pierres et qui travaille dans un cirque. Donc ce cirque se déplaçait. On se dit au moins ces deux-là, vérifions les éléments pour pouvoir donner des réponses à la famille."
Quant à Lise et Philippe ils ont pris leur retraite. Leurs deux enfants Marine et Thomas, nés après la disparition de Mathieu, sont partis vivre ailleurs mais soutiennent toujours le combat de leurs parents. Des parents qui n'ont jamais voulu quitter leur maison du hameau de la Bâtie, à Peyroules près de Castellane, dans les montagnes des Alpes-de-Haute-Provence.
Cold Cases : les mystères de l’été. Du 8 juillet au 26 août, le samedi et le dimanche à 8h45 sur RTL.
Si vous avez des informations, écrivez à temoignages.coldcase.tj-nanterre@justice.fr
