L'affaire du chlordécone se poursuit. La polémique, qui secoue la Guadeloupe et la Martinique depuis de nombreuses années, connaît un nouveau rebondissement judiciaire cette semaine.
Jeudi 1er avril, des avocats de l'Association médicale de sauvegarde de l'environnement et de la santé (Amses) ont déclaré dans Libération qu'ils comptaient déposer une plainte à la Cour de la justice de la République (CJR) et qu'ils contestaient la prescription des faits.
Me Rachid Madid et Olivier Tabone ont déposé un mémoire auprès des juges, afin de contester l'analyse juridique de ces derniers, en se basant sur des "points de procédure, de jurisprudence et d'évolution du droit" en la matière.
Alors que les premiers dépôts de plainte datent de 2006, RTL revient en trois questions sur cette affaire sujette à polémiques.
Le chlordécone est un insecticide. Il a été utilisé pendant de nombreuses années, notamment pour lutter contre la prolifération du charançon, un insecte qui détruit les récoltes.
Considéré comme un perturbateur endocrinien, il a été interdit en France en 1990. Il a toutefois été autorisé par dérogation ministérielle jusqu'en 1993 dans les champs de bananes de Martinique et de Guadeloupe.
Le chlordécone interagit avec certains neurotransmetteurs dans le cerveau et avec nos hormones. Il peut donc être à l'origine de troubles neurologiques, mais aussi perturber la fertilité ou la grossesse. Il présente également une menace cancérigène, et les populations antillaises présentent un taux d'incidence du cancer de la prostate parmi les plus élevés au monde.
En clair, le chlordécone est dangereux pour la santé humaine, et il a aussi provoqué une pollution importante et durable des deux îles. Même s'il n'est plus employé, il est donc toujours dans l'environnement. Selon Santé publique France, plus de 90% de la population adulte en Guadeloupe et Martinique est contaminée par le chlordécone.
Dans ce dossier instruit depuis maintenant 14 ans par le pôle santé publique du tribunal judiciaire de Paris, les juges d'instruction ont signifié mi-janvier à plusieurs parties civiles leur analyse selon laquelle les faits seraient dans leur grande majorité prescrits.
Mi-mars, le procureur de Paris Rémy Heitz a également indiqué dans un entretien au quotidien France Antilles que "la grande majorité des faits dénoncés était déjà prescrite" dès le dépôt des plaintes en 2006 pour empoisonnement au chlordécone en Guadeloupe et en Martinique.
Mais les avocats contestent cette analyse, et demandent de revoir les faits. Me Rachid Madid et Olivier Tabone portent aussi plainte à la Cour de Justice de la République, la seule habilitée à juger des membres du gouvernement dans l’exercice de leurs fonctions. Ils visent cinq ministres, à qui ils reprochent d'avoir "prolongé l'autorisation d'utilisation du chlordécone" et signé des arrêtés, notamment en 2005, qui autorisaient des résidus de chlordécone dans l'alimentation avec des seuils tolérables" d'après eux bien trop élevés. Ils demandent également que soit retenue l'infraction d'"homicide involontaire".
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