Biarritz : une association souhaite débaptiser le quartier de la Négresse

L'association Mémoires et Partages - qui se mobilise sur les sujets des héritages de la colonisation, de la traite des noirs, de l'esclavage et du racisme - a déposé un recours pour demander le retrait des délibérations municipales instituant le nom de quartier de la Négresse, à Biarritz, nom donné depuis 1861 en souvenir d'une femme haïtienne qui tenait une auberge durant la période napoléonienne. Il s'agit, selon elle, d'"un sobriquet raciste et sexiste". Mais la mairie de Biarritz ne l'entend pas de cette oreille.

C'est donc devant le tribunal administratif de Pau que l'affaire a été présentée ce jeudi 7 décembre. Le rapporteur s'est prononcé contre le recours de l'association en expliquant longuement que le terme "négresse" n'était pas une atteinte à la dignité humaine. 

La discussion s'est prolongée entre avocats et membres de l'association devant le tribunal, quelques minutes après. Une scène totalement inédite. Pour l'avocat de la mairie de Biarritz, "c'est le glissement sémantique du mot 'nègre' qui est aujourd'hui la source des grandes difficultés que nous rencontrons." Un individu le coupe : "Non mais attendez, vous croyez qu'on aurait, en France, un quartier qui s'appellerait youpine ou bougnoule ?" Réponse de l'avocat : "La Ville de Biarritz n'est évidemment pas raciste, ni humiliante." 

Ce n'est pas du tout en accord avec les valeurs de notre pays que de garder un nom injurieux, insultant pour moi, pour mes enfants

Amélie, une habitante du quartier

Une poignée d'habitants ont assisté à l'audience. Amélie vit dans ce fameux quartier. "En tant que femme noire, je trouve que ce n'est pas du tout en accord avec les valeurs de notre pays que de garder un nom injurieux, insultant pour moi, pour mes enfants." Et de poursuivre : "Je n'aimerais pas être appelée la négresse, je n'aimerais pas que ma rue et mon quartier se nomment comme ça. Ce n'est pas faire honneur à ses habitants, à nos valeurs, à notre République de maintenir ce nom-là".

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"Nous sommes persuadés que les gens ne sont pas racistes dans le Pays basque. Mais par contre, nous pensons qu'ils se sont accoutumés à un héritage involontaire. On doit pouvoir réparer ça. C'est ce que nous demandons pour que cette femme et toutes les femmes noires soient respectées", explique Karfa Diallo, à la tête de l'association Mémoires et Partages. Ce quartier aura-t-il alors un nouveau nom ? Le verdict est attendu dans une quinzaine de jours.