"On aurait mis trois lits... je n'aurais pas reconnu ma fille." Berthe De Liège ne peut retenir son émotion lorsqu'elle évoque ce jour d'avril 2015, où son mari et elle sont appelés en urgence au chevet de Charlène Grosdent, leur fille. Dans sa chambre d'hôpital à Aix-la-Chapelle en Allemagne, celle-ci est maintenue en vie par des machines après une importante chute dans les escaliers.
La veille dans sa maison de Welkenraedt en Belgique, Charlène préparait les valises de ses deux enfants, Julia et Alexis en vue de leur séjour chez leurs grands-parents. "Je culpabilisais", se souvient Berthe la grand-mère dans Les Voix du crime. "Je me suis dit 'elle est tombée à cause de la valise qu'elle avait préparé pour les enfants'."
La mère éplorée est pourtant loin de savoir la vérité : deux mois plus tard, son mari et elle sont appelés au bureau de la procureure de Verviers, Christine Wilwert, en Belgique. "Mon mari est parti et là-bas, la procureure l'a fait asseoir et elle lui a dit 'j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle : la bonne, c'est que l'enquête est finie, la mauvaise, c'est que c'est votre beau-fils qui a tué votre fille."
C'est indescriptible
Berthe De Liège
Les deux parents sont sous le choc. Pendant 76 jours, ils ont été tenus à l'écart de l'enquête menée par les autorités belges, mais surtout, leur gendre leur a menti et les a manipulés. "C'est indescriptible, indescriptible, soupire aujourd'hui Berth. Et puis vous n'y croyez pas ! Et jusqu'au soir, jusqu'au soir, je me suis dit non, ce n'est pas possible !"
Pourtant, Adrien Rompen passe aux aveux. En audition puis au procès, il raconte comment Charlène et lui se sont disputés le soir du crime. Lui, voulait refaire sa vie avec sa maîtresse. "Pour lui, elle s'est énervée, donc il l'a étranglée et elle est tombée dans les escaliers", raconte la mère de Charlène.
Une version exposée au procès qui s'est tenu en 2017, mais qui ne satisfait ni la famille de la victime, ni la procureure. "D'après le médecin légiste, Charlène a été étranglée de 3 à 5 minutes sur une surface dure. Donc ça veut dire contre un mur ou à terre. Donc il a dû la déplacer puisque face aux escaliers, tu n'as pas de mur, t'as rien du tout. Donc il a dû la déplacer et la jeter", estime Berthe.
L'arrière du crâne était en milliers de morceaux
Berthe De Liège
La mère endeuillée poursuit : "La procureure, elle dit qu'on a retrouvé une batte de baseball derrière le lit et ça je sais bien... Et elle dit peut-être qu'il l'aurait assommé avant... On ne saura jamais la vérité. Jamais." Tout ce qu'elle sait c'est l'important traumatisme crânien dont souffrait sa fille à la suite de sa chute. "L'arrière du crâne était en milliers de morceaux", se souvient-elle.
Adrien Rompen a été reconnu comme "manipulateur narcissique" par les expertises psychiatriques et a été condamné à 20 ans de prison. Il peut aujourd'hui prétendre à la liberté conditionnelle, ce que refusent Berthe et son mari Michel. "On ira jusqu'au bout", insiste-t-elle.