Le Touquet : comment la police municipale fait face à l’afflux touristique

Le calme de la mer cache souvent l’agitation à terre. L’été, Le Touquet, situé sur la Côté d'Opale, passe de 5.000 habitants à plus de 30.000, et les week-ends, la population peut frôler les 100000 personnes. Un défi de taille pour les forces municipales, qui doivent redoubler de vigilance pour encadrer la vie locale, assurer la sécurité et contenir les incivilités.

Dès le matin, deux équipes prennent le volant pour sillonner la ville. Pas le temps de souffler : le téléphone sonne déjà. Un agent décroche : "Quel est le problème ?" Un habitant a signalé des nuisances sonores. Ici, un arrêté municipal interdit certains travaux bruyants en période estivale. "On intervient d’abord de manière préventive. Si la personne refuse d’arrêter le chantier, on passe à la verbalisation", explique un agent. "Et là, ce n’est pas un petit chantier…"

L'enjeu : faire respecter les règles sans gâcher les vacances. "On fait attention à ce qu’ils passent un bon séjour", résume un autre policier. Vers midi, le centre-ville se remplit de touristes affamés. Isabelle, en patrouille à pied, veille à la fluidité et à la sécurité. "L’affluence est ici, donc notre présence pédestre dissuade."

Des effectifs renforcés, mais encore insuffisants

La police municipale joue aussi un rôle clé dans la relation avec les commerçants. "L’autre jour, un commerçant nous a alertés sur la circulation de faux billets de 100 euros", raconte un agent. Et dans la foule compacte, les vélos posent problème :Quand ils roulent vite dans les zones piétonnes, c’est dangereux. On leur demande de descendre et de pousser leur vélo à la main."

Pour répondre à la pression estivale, deux agents supplémentaires sont recrutés chaque été. Mais cela reste parfois insuffisant. "On ne s’improvise pas policier municipal. Il faut du personnel formé, et ce n’est pas évident à trouver l’été", confie un agent.

Selon le Centre national de la fonction publique territoriale, environ 8.000 postes de policiers municipaux seraient vacants à l’échelle nationale. "Sur les patrouilles à VTT, c’est compliqué quand on n’est que deux. Il faut gérer les appels et les interventions en même temps."

Des compétences encore limitées

Au cours d’une patrouille, une habitante signale une voiture suspecte, abandonnée depuis plusieurs semaines. Mais les agents municipaux ne peuvent pas consulter le fichier des véhicules volés. "On est obligés de faire appel aux forces de l’État pour vérifier l’immatriculation."

Un projet de loi est attendu en septembre pour élargir les compétences des policiers municipaux : inspection de véhicules, saisie d’objets dangereux, ou encore amendes forfaitaires délictuelles, notamment en cas de consommation de stupéfiants. "Aujourd’hui, on doit faire appel à un officier de police judiciaire pour ça. On gagnerait en efficacité si on pouvait les relever nous-mêmes", explique un agent.

Mais la profession refuse toute confusion avec la police nationale ou la gendarmerie. "La police municipale est armée, oui, mais il n’est pas question d’en faire des shérifs locaux", insiste Denis Caloin, adjoint à la sécurité. "Et heureusement, la présence de la police nationale est renforcée depuis l’an dernier grâce aux JO. On craignait une baisse de moyens, mais ils sont bien là. Ça se passe en parfaite harmonie."

Au quotidien, la police municipale joue un rôle de médiation, au contact direct des habitants, commerçants et vacanciers. Le but est d’assurer la tranquillité publique sans perturber l’ambiance estivale. "On est là pour que tout le monde passe de bonnes vacances. Mais on reste vigilants."

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