Attentat masculiniste déjoué : qu'est-ce que le mouvement "Incel" dont se revendique le suspect ?

"Célibataire involontaire". C'est la traduction française du mouvement masculiniste "Involuntary celibates", abrégée par le terme "Incel". C'est de cette mouvance extrémiste que se revendique le suspect d'un attentat déjoué dans la région de Saint-Étienne. L'individu, âgé de 18 ans, a été mis en examen et écroué mardi 1er juillet.

Le parquet national antiterroriste (Pnat) s'est saisi de l'affaire. Une première concernant un individu se revendiquant exclusivement de la mouvance "incel", a souligné une source proche du dossier à l'AFP. Cette notion n'était, selon elle, qu'apparue jusque-là de manière plus marginale dans deux dossiers traités par le Pnat.

Le mouvement "Incel" fait partie d'une idéologie plus large : le masculinisme. Animés par une haine des femmes et a fortiori des féministes, les masculinistes tiennent des discours profondément misogynes et violents. En France, l'un d'eux a été condamné en 2024 à la prison à perpétuité pour le féminicide de son ex-compagne, Mélanie Ghione. Il se réclamait de la mouvance MGTOW, une autre branche de l'idéologie masculiniste tout aussi haineuse qui prône une vie loin des femmes, refusant toute relation avec elles.

Une idéologie complotiste qui sévit sur les réseaux sociaux

D'après l'AFP, le suspect, Timothy G., voulait s'en prendre à des femmes et a été interpellé à proximité d'un lycée. Il compulsait des vidéos masculinistes sur le réseau social TikTok où les contenus de ces influenceurs misogynes sont très présents. 

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En témoigne l'audition d'Alex Hitchens, influenceur interrogé lors de la commission d'enquête sur les réseaux sociaux pilotée par les députés Arthur Delaporte (PS) et Laure Miller (EPR). Interrogé sur ses contenus misogynes, il a quitté de manière soudaine l'audition. Côté anglo-saxon, l'Influenceur Andrew Tate est le masculiniste le plus tristement célèbre : il est poursuivi au Royaume-Uni pour des faits de violences sexuelles et traite d'êtres humains.

Au cœur de cette violence masculiniste en ligne, les Incels, mouvement né aux alentours des années 2000, considèrent que les femmes sont aujourd'hui avantagées dans la société. Selon eux, leur propre solitude et leur célibat sont provoqués par la prise de pouvoir des féministes. Une idéologie qui mène souvent les adeptes des "Incels" à tenir des propos racistes - ils accusent les hommes immigrés de leur "voler" les femmes - et aux LGBTphobies - ces identités remettent en cause les normes de genre féminines et masculines.

Ils accusent par ailleurs les femmes de n'être attirées que par une minorité d'hommes, correspondant aux idéaux masculins. Ils appellent ces hommes, des "Chad". Dans la série Adolescence, c'est ce que les personnages appellent le ratio 80-20, 80% des femmes seraient attirées par 20% des hommes. Une statistique qui ne relève d'aucune étude scientifique.

Une idéologie violente et criminelle

Cette frustration aux origines complotistes nourrit une violence qui peut éclater sous des formes extrêmes. Au-delà des féminicides dans le cadre conjugal, les masculinistes commettent également des attentats.

En 2018, à Toronto, un jeune homme avait ainsi foncé dans la foule en voiture. Un attentat revendiqué clairement sur Facebook par l'auteur : "La rébellion des Incels a déjà commencé ! Nous allons renverser tous les Chad et Stacy (pendant féminin des "Chad" pour les Incels, NDLR) !". Lui-même se revendiquait d'un terroriste masculiniste ayant tué 6 personnes en Californie en 2014.

Il y a un an, un autre Français avait été arrêté à Bordeaux à la veille des Jeux Olympiques, soupçonné lui aussi de planifier une attaque terroriste masculiniste. 

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