Assassinat du père Jean Uhl : qui se cache derrière ce crime satanique ?

PODCAST - "L'Heure du crime" se penche sur l'assassinat du curé Jean Uhl. Juste avant la Noël 1996, ce religieux a été assassiné de 33 coups de couteau, dans une petite ville Alsacienne. Rapidement, le profil du tueur émerge : David Oberdorf, un jeune homme attiré par le satanisme.

Au premier plan, David Oberdorf, le tueur du curé Jean Uhl en 1996.

Crédit : FRANCK FIFE / AFP

L'INTÉGRALE - Assassinat du père Uhl : le diable est au presbytère

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En début de matinée de décembre 1996, une bénévole de la paroisse de la ville de Kingersheim s'inquiète de l'absence du père Jean Uhl, habituellement matinal. Inquiète, elle se rend au presbytère et découvre le curé de 68 ans, mort. Il est allongé sur le ventre et ses vêtements sont ensanglantés.

Le curé présente de très nombreuses plaies par arme blanche, probablement provoquées par un couteau de cuisine. Les blessures forment des signes de sciences occultes, tels un V renversé et une étoile à cinq branches. La victime a reçu 33 coups de couteau, tout comme l'âge du Christ à sa mort. La piste satanique est envisagée.

Vingt jours après le meurtre du curé, les enquêteurs apprennent qu'Anthony Mignoni, 21 ans, était dans la région au moment du crime. Ce jeune homme, récemment libéré de prison, avait déterré un cadavre et planté un crucifix inversé dans le cœur. Le jour du meurtre, il séjournait chez sa tante à Mulhouse et avait revu deux anciens camarades, dont David Oberdorf qui partage avec lui cette fascination pour le diable.

Un "flash satanique"

Après un mois et demi d'enquête, Anthony Mignoni est interpellé, mais nie toute implication dans le meurtre du curé. Il finit par admettre que son ami Oberdorf lui avait parlé du curé, suggérant que ce dernier pourrait être l'auteur du crime.
Le 4 février, David Oberdorf, presque 19 ans, est arrêté. Chez lui, à Kingersheim, à 500 mètres du presbytère, la police découvre sa chambre à la décoration particulière. Les policiers trouvent des figurines de démons, une étoile à cinq branches, un minisquelette sanguinolent, un livre sur le satanisme et trois photos d'Adolf Hitler.

En garde à vue, Oberdorf, vêtu de noir avec un tatouage de diable, admet son intérêt pour le satanisme. Il reconnaît avoir importuné le père Jean Uhl avec des appels anonymes, mais rien de plus. Progressivement, il avoue : le 19 décembre, il a eu un "flash satanique" au travail, une voix lui ordonnant de tuer le curé. Ce soir-là, après avoir écouté du métal, il s'est habillé en noir, a pris un couteau et s'est rendu au presbytère.

"Les voix de Satan"

Le garçon décrit son acte de manière détachée. Le curé, assoupi devant la télé, a ouvert la porte sans méfiance. Après une brève discussion, Oberdorf l'a poussé à terre. Le curé a commencé à réciter la prière Notre-Père, mais le jeune homme l'a frappé avec une casserole. Sentant sa fin proche, le curé a murmuré "merci Seigneur".

C'est ma main qui a commis ce geste, pas mon esprit.

David Oberdorf

Si les attributs du diable sont là dans cette affaire, mais peine à convaincre Marie-Amélie Lombard, journaliste qui a couvert le procès : "Le satanisme a quand même souvent l'apparence d'un alibi, d'un habillage en tout cas. Parce que c'est plus facile de dire "une voix m'a dit de tuer un curé" que d'assumer ses actes."

Un meurtre sous influence ?

L'avocat de David Oberdorf explique que son client est un jeune homme fragile et manipulable. Selon lui, il était sous la coupe de son mentor, Anthony Mignoni, qu'il admirait. Il aurait voulu lui prouver qu’il était capable d’aller encore plus loin. Pour les psychiatres et les psychologues qui l'examinent, l'accusé était effectivement sous l'influence néfaste de son "gourou", Anthony Mignoni.

"Les psychiatres vont utiliser les termes "fragiles" et "vulnérables" à propos d'Oberdorf. C'est quelqu'un qui ne supporte pas la contradiction", explique Robert Belleret, ancien Grand reporter pour L'Heure du crime sur RTL.

Cependant, le juge disculpe Mignoni, affirmant qu'aucune preuve ne le lie au meurtre du père Uhl. Le 6 avril 2001, David Oberdorf est condamné à vingt ans de réclusion criminelle. Les jurés, suivant l'avocat général, accordent des circonstances atténuantes en raison de son jeune âge, malgré la gravité du crime. À l'annonce du verdict, l'accusé de 23 ans, reste impassible.

Les invités de "L'Heure du crime"

- Robert Belleret, ancien grand reporter pour Le Monde et journaliste pour Le Progrès. Il est l'auteur de l’ouvrage Faits Divers, publié aux éditions Sabine Wespieser.

- Marie-Amélie Lombard, journaliste à L’Opinion et elle a couvert le procès de David Oberdorf pour Le Figaro.
- Jean-Marie Stoerkel, journaliste et écrivain français et elle parle de l’affaire dans son ouvrage : 50 nuances de crimes, publié aux éditions du Bastberg.