Assassinat de Yann Piat : "Un choc énorme" raconté par un journaliste qui a suivi l'affaire il y a 30 ans

Elle faisait figure de "vilain petit canard" de la vie politique locale. Le soir du 25 février 1994, Yann Piat sort de sa permanence à Hyères (Var). Elle est raccompagnée à son domicile par son chauffeur à bord d'une Clio. Au détour d'un virage, une moto Yamaha rouge surgit à hauteur du conducteur. Le passager ouvre le feu, tuant la députée sur le coup.

Ancien journaliste, Jean-Pierre Bonicco a suivi l'affaire pour Var Matin. Dans Les Voix du crime, il se souvient avoir appris la mort de Yann Piat au journal télévisé, le soir-même. "Quand la présentatrice annonce 'une députée vient d'être assassinée', je pense tout de suite à Yann Piat. Puis elle a prononcé son nom, et je me suis dit 'eh bien, on en n'a pas fini.'"

Dans les années 90, un climat de grande tension règne à Hyères (Var), explique Jean-Pierre Bonicco. "La ville avait été surnommée 'Hyères-les-bombes'. Avec des attentats par explosifs contre des restaurants, des incendies criminels, des agressions nocturnes... L'ambiance était particulièrement électrique."

C'est un choc énorme, car c'est la première et seule femme députée assassinée en France.

Jean-Pierre Bonicco

L'émotion est vive dans le Var et dépasse largement la circonscription. "C'est un choc énorme, car c'est la première et seule femme députée assassinée en France." Parce qu'elle était engagée de longue date contre la corruption, Yann Piat "avait reçu à plusieurs reprises des coups de fils anonymes, des courriers menaçants", souligne Jean-Pierre Bonicco.

La députée avait même écrit une liste de noms "en cas de mort suspecte", révélée par la presse peu après sa mort. Un nom en particulier attire l'attention des enquêteurs : Jean-Louis Fargette, "quelqu'un de très important dans le milieu local", pointe l'ancien fait-diversier.

Une délinquante connue des services de police est arrêtée pour un vol de chèques (...) elle confie aux enquêteurs qu'elle connaît le nom des voleurs de la moto.

Jean-Pierre Bonicco

Mais cette piste ne donne rien, et c'est finalement par hasard que les enquêteurs remontent jusqu'aux auteurs de l'assassinat. "Une délinquante connue des services de police est arrêtée pour un vol de chèques. Et, croyant s'en sortir, d'une manière assez irresponsable, elle confie aux enquêteurs qu'elle connaît le nom des voleurs de la moto."

La police remonte jusqu'à la "bande du Macama", du nom d'un bar sur le port de Hyères. C'est un groupe de jeunes qui fréquentent le même quartier, mené par Gérard Finale, qui se rêve en parrain local. La plupart d'entre eux sont aujourd'hui décédés. Jean-Pierre Bonicco estime que "Yann Piat a été tuée parce qu'elle s'opposait à un système. Finalement, c'est sa mort qui a précipité la chute de ce système."

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