Angélique Dumetz, une étudiante de 18 ans, est découverte sans vie à l'automne 1996 en forêt de Compiègne. Le légiste est formel : la victime a reçu plusieurs coups de couteau très violents, portés au ventre, puis égorgée avec la même arme au point que la tête a failli se détacher. La jeune femme a sans doute été violée.
Qui est l'homme qui a croisé la route d'Angélique Dumetz ? Les policiers disposent du groupe sanguin et de l'ADN du violeur et meurtrier. Les amis, les proches, les militaires du camp de Compiègne sont les premiers testés, en vain. Un couteau de cuisine au bout cassé a été retrouvé sur le lieu du crime, mais l'expertise ne donne rien. Un blouson en cuir était aussi sur l'herbe et n'est curieusement pas conservé pour expertise. En un an, presque 200 personnes sont entendues, deux suspects dénoncés mis hors de cause. Le tueur au groupe sanguin B+ est introuvable.
De son côté, la mère de la victime se démène pour que l'enquête continue. "Personnellement, je n'ai jamais baissé les bras, explique Me Murielle Bellier-Kanta, l'avocate de la mère d’Angélique Dumetz, dans L'Heure du crime. "Le mot d'ordre de ce dossier est qu'on ne s'est jamais rien interdit. C'est le côté civil qui a pris le pas sur le côté judiciaire et politique pour que l'enquête aille jusqu'au bout".
Entre les interviews, les manifestations, les rencontres avec des spécialistes judiciaires et politiques, Marie-Pierre Mazier, la mère d’Angélique Dumetz, tente tout. En 1999, cette dernière se demande pourquoi la France ne dispose pas, comme en Angleterre ou aux États-Unis, d'un fichier des empreintes génétiques, le seul moyen d’identifier un potentiel meurtrier. À l'époque, le fichier FNAEG existe alors depuis deux ans, mais il n'est pas actif.
En 2005, une nouvelle équipe est chargée de l'enquête et s'est inspirée des méthodes américaines pour appliquer, pour la première fois en France, des techniques d'investigations et des outils criminalistiques inédits. "Le dossier d'Angélique s'est inscrit dans l'histoire de l'ADN en France, mais aussi dans celui du traitement des cold case en France", reprend Me Murielle Bellier-Kanta au micro de RTL. "La cellule Angélique, comme on l'a appelé, a permis à d'autres dossiers dormants de venir rejoindre cette cellule depuis des années et aujourd'hui cette cellule est devenue nationale".
Plus de quatorze ans après les faits, un spectaculaire rebondissement a lieu. Le 3 mai 2011, le fichier des empreintes génétiques, le FNAEG, a détecté une correspondance entre l'ADN de la scène de crime et celui d'un homme, José Mendes-Furtado. Cet homme s'est suicidé après avoir tué sa femme, mais son parcours est étudié de près.
Pourquoi s'en est-il pris à l'étudiante ? D'après la plainte déposée par son épouse pour violences conjugales, l'accusé n'acceptait pas que les filles et les femmes sortent et se "dévergondent", comme il l'avait confié à un enquêteur. Il aurait pu ainsi s'en prendre à Angélique qui sortait de discothèque pour rentrer seule chez elle.
En janvier
2015, le juge d'instruction rend une ordonnance de non-lieu en faveur de
Fernando Gomes Ferreira, seul homme incarcéré dans l’affaire Angélique Dumetz. Pas d'appel de la part de la mère d'Angélique,
laquelle se dit alors fatiguée par ce combat pour la vérité qui a duré dix-neuf
ans. Le dossier est donc définitivement clos.
- Me Murielle Bellier-Kanta, avocate au barreau de Compiègne, avocate de Marie-Pierre Mazier, la mère d’Angélique Dumetz et auteure du livre Angélique : l’empreinte d’une vie, aux éditions du Panthéon.