Ashley Loring Heavyrunner : pourquoi seule sa famille a enquêté sur sa disparition ?

Jeudi 8 juin 2017, Kimberly Loring, 24 ans, atterrit à l'aéroport de Missoula, la deuxième ville la plus importante du Montana. Elle est surprise de n'avoir aucun message de sa petite sœur, Ashley, vingt ans. Dans le tout dernier SMS, elle lui raconte qu’elle a besoin d’un peu d'argent. Kimberly lui demande si elle a des problèmes. "Jamais !", répond la petite sœur. 

Kimberly Loring prend donc seule la route de Browning, à 700 km de Missoula, la petite ville où vit la famille, sur le territoire indien des Blackfeet, une réserve qui s'étend jusqu'à la frontière canadienne. Sur place, Kimberley apprend qu’Ashley n’a pas été vue depuis trois jours. Lundi 12 juin, la mère d'Ashley signale la disparition à la police tribale, le service qui s'occupe de maintenir l'ordre dans la réserve, mais elle n’y accorde aucune importance. 

La grande sœur apprend qu'on l'aurait vue discuter avec un homme d'une cinquantaine d'années, lors d'une soirée. Elle a quitté les lieux avec lui, dans un pickup. La famille remonte seule cette piste en identifiant l'homme : un certain Sam McDonald, 53 ans. Il admet qu'il a ramené Ashley chez lui, le 6 juin au soir. Elle serait restée cinq jours avant de la ramener chez elle dimanche 11 juin.

"C'est un homme qui a des discours assez étranges et une version des faits qui peut être remise en cause. C'est un grand consommateur de drogues qui a une réputation assez sulfureuse, explique Anaïs Renevier, journaliste et auteure du livre La disparue de la réserve Blackfeet, publié aux éditions 10/18, en partenariat avec le magazine Society. Selon des rumeurs, il y aurait eu des jeunes femmes qui auraient été vues en train de sortir de chez lui avec des seringues dans le corps."

Plusieurs pistes qui n'aboutissent pas

Un sweatshirt gris en lambeaux est découvert dans une décharge. Kimberley le reconnait : c'est celui de sa sœur. Elle le portait avant la disparition. Le 30 juin, des bottes tachées de sang, dont la pointure correspond à celle d'Ashley, sont découvertes. Mais, les expertises vont traîner et les empreintes ne seraient pas exploitables. Le dossier est vide.

Mardi 28 janvier 2020, trois ans après la disparition d'Ashley Loring Heavyrunner, sa sœur, Kimberly, assiste aux funérailles de leur père, mort de maladie. Au cours de l'enterrement, son attention est attirée sur un dénommé Alvin. Il aurait beaucoup de choses à dire, mais il disparait lui-aussi du jour au lendemain. 

Un mois et demi plus tard, son corps, sans tête, ni mains, est découvert dans une clairière. Son meurtrier est un homme de vingt-neuf ans connu pour violences. Sept ans auparavant, il avait tiré en direction d'un couple dans la forêt, la fille avait témoigné contre lui à son procès. Elle s’appelait d'Ashley Loring Heavyrunner. Une énième piste qui n'a jamais abouti.

 "Il y a une gêne autour de cette histoire. Il y a une peur d'attirer l'attention des autorités parce qu'il s'agit quand même de milieux interlopes où il y a de la drogue qui circule. On ne veut pas être dérangé. C'est un lieu où tout le monde connaît tout le monde. Le poids des rumeurs est extrêmement important, confie Anaïs Renevier. C'est donc l'omerta."

Les invités de "L'Heure du crime"

- Anaïs Renevier, journaliste et auteure du livre La disparue de la réserve Blackfeet, publié aux éditions 10/18, en partenariat avec le magazine Society.

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