Les anti-vaccins passent à l'offensive. En cause, la volonté du gouvernement de rendre onze vaccins obligatoires en 2018. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, avait annoncé qu'elle réfléchissait à cette mesure le 16 juin dernier avant que le Premier ministre ne confirme cette décision dans son discours de politique générale, le 4 juillet. Pour justifier son choix, la ministre avance un argument de poids : la vie des enfants. "Il n'est pas supportable qu'un enfant puisse mourir parce qu'il n'est pas vacciné", assure-t-elle.
Depuis l'annonce de ces vaccins obligatoires, une vive opposition populaire a vu le jour. En effet, l'opinion publique est très partagée sur la question des vaccins : 50% sont favorables à l'obligation, 50% y sont opposés selon un sondage Odoxa pour Le Figaro publié le 13 juillet. Comme le rapporte le Parisien, l'association Autisme Vaccinations a même choisi d'intenter une action de groupe devant le TGI de Paris à l'encontre de Sanofi, des structures américaines Pfizer et Eli Lilly, et enfin du laboratoire britannique GlaxosmithKline. Objectif des familles : "demander réparation des dommages causés par la vaccination pédiatrique".
Selon ce mouvement anti-vaccin, "la vaccination pédiatrique" est responsable d'une recrudescence des cas d'autisme chez les jeunes enfants. Pourtant, ce lien n'a jamais été établi, comme le rappelle le quotidien. Depuis 1998, cinq études ont montré l'absence de liens entre vaccinations et autisme. Cela n'empêche pas Martine-Odile Bertella-Geffroy, avocate et ancienne juge d'instruction du pôle santé publique du TGI de Paris, de rejoindre l'action anti-vaccins en tant que conseiller. Elle affirme au Parisien que "Les chiffres de l'autisme qui sont en hausse pourraient s'expliquer par la vaccination. Il faut chercher. On n'est qu'au commencement de notre action. Rien n'est fait."
De même, Martine Ferguson-André, membre de la commission de santé d'Europe Ecologie-les-Verts (EELV) et ex-directrice générale de la Fondation autisme, soupçonne directement les cinq vaccins que son enfant désormais autiste a reçus à l'âge de 10 mois. Selon elle, le lien de cause à effet tient dans le thiomersal, un composé contenant du mercure, utilisé comme conservateur un temps et retiré, par précaution, des vaccins en 2000, qui aurait été détecté dans le sang de Tom. Des accusations qui ont convaincu près d'une centaine de familles qui s'apprêtent à mener une action de groupe.
Pourtant, dans le pays de Louis Pasteur, l'opposition aux vaccins a longtemps été marginale. On attribuait aux vaccins l’éradication de la variole dans le monde, la quasi disparition de la poliomyélite, la régression spectaculaire du tétanos, de la diphtérie mais aussi de la rougeole et de la coqueluche, maladies infectieuses aux bilans autrefois effrayants en termes de morbidité et de mortalité.
La défiance semble s'être élargie à partir du scandale de la campagne des vaccins contre la grippe H1N1, dont la gravité avait été surestimée, organisée par l'État pendant l'hiver 2009-2010. Une partie de l'opinion publique a estimé qu'elle était faite surtout dans l'intérêt des laboratoires pharmaceutiques. Des associations de malades se sont alors emparées de ce sujet. Depuis, cette opposition aux vaccins est beaucoup plus populaire. Outre l'action judiciaire, les alertes sur les supposés dangers des vaccins se multiplient sur internet et un appel à une manifestation des anti-vaccins a même été lancé pour le 9 septembre.
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