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Affaire Tatiana Andujar : sa mère regrette "la façon dont l'enquête a été faite" à ses débuts

PODCAST - Tatiana Andujar disparaît en septembre 1995 à la gare de Perpignan. La presse fera le rapprochement avec trois affaires similaires, et surnommera les victimes "les disparues de la gare de Perpignan". Seule la disparition de Tatiana reste non élucidée, elle a été confiée au pôle cold-case.

Une voiture de police à Perpignan devant le domicile d'un homme suspecté dans l'affaire des "disparues de la gare de Perpignan".
Crédit : RAYMOND ROIG / AFP
73. Affaire Tatiana Andujar : sa mère se confie sur la dernière "disparue de la gare de Perpignan"
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Marie Zafimehy & Patrick Tejero
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Tatiana Andujar a-t-elle connu le même sort que Mokhtaria Chaïb, Fatima Idrahou et Marie-Hélène Gonzalez ? Depuis 28 ans, l'enquête sur la disparition de cette adolescente de 17 ans reste non élucidée, contrairement à ces trois autres affaires. En 2021, Jacques Rançon a été condamné à la perpétuité pour les viols et meurtres de Mokhtaria et Marie-Hélène, tandis que Marc Delpech a écopé de 30 ans de réclusion criminelle pour des faits similaires dans l'affaire de Fatima.

Les pistes des deux coupables ont été explorées dans l'enquête sur Tatiana. Celle de Jacques Rançon n'a rien donné. "Il était en prison au moment de la disparition de Tatiana et il n'a pas bénéficié ni de sortie ni de remise de peine", affirme la mère de l'adolescente Marie-Josée Garcia dans Les Voix du crime. Celle de Marc Delpech, au contraire, est plus prometteuse malgré les dénégations du principal intéressé. "Beaucoup trop de coïncidences" le lient à Tatiana, insiste-t-elle.

Selon elle, le coupable du meurtre de Fatima Idrahou connaissait sa fille et avait même proposé d'aider son père à trouver du travail. Chez lui ont aussi été retrouvés des coupures de presse relatant la disparition de Tatiana, et une ébauche de roman décrivant une jeune fille lui ressemblant aux alentours de la gare de Perpignan. Des indices qui n'ont pas suffisamment été exploités selon Marie-Josée Garcia.

Pendant plus d'un an, c'est le néant total

Marie-Josée Garcia, la mère de Tatiana Andujar

Les manquements de l'enquête remontent à 1995, et aux jours qui ont suivi la disparition de Tatiana Andujar. À Toulouse, où l'on pensait que la jeune fille avait d'abord disparu, l'accueil des parents paniqués n'a pas été à la hauteur. "Je me rappellerai toute ma vie de cet entretien avec ce policier à la brigade de mineurs qui nous dit 'En fait, on n'est pas à Chicago. En France, on retrouve toujours tout le monde. Il ne faut pas vous inquiéter, tout va bien se passer ma petite dame', se souvient Marie-Josée Garcia. Vingt-cinq ans après, j'espère qu'il entendra et qu'il réfléchira à ses propos."

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Ensuite, plusieurs témoignages obtenus grâce à une médiatisation d'avis de recherche, attestent que Tatiana était arrivée en gare de Perpignan. Après avoir pensé à une fugue, la gendarmerie commence à prendre au sérieux l'affaire. La mère de Tatiana plonge dans une dépression nerveuse. "Pendant plus d'un an, c'est le néant total", se souvient-elle. Jusqu'au non-lieu prononcé par le juge d'instruction.

Alors, quand les affaires des trois autres "disparues de la gare de Perpignan" émergent dans les médias, cela redonne un espoir à la famille. "La presse relie les affaires : trois jeunes filles brunes typées méditerranéennes disparaissent dans le même quartier de la gare. Donc voilà, là, ça fait un gros boum médiatique (...) C'est ce qui va nous permettre, entre guillemets, de relancer l'enquête de Tatiana", explique Marie-Josée Garcia.

L'enquête pour Tatiana n'a pas été faite de la façon dont elle aurait du être faite

Marie-Josée Garcia, mère de Tatiana Andujar

Entre-temps, elle et ses proches ont fondé l'association Tatiana et mènent l'enquête à la place des autorités. "Quand on reçoit des coups de fil à l'association et qu'on nous dit qu'elle est dans un camp de gitans, on va aller dans le camp de gitans du quartier. 'Tatiana est à Clermont-Ferrand', on part à Clermont-Ferrand avec sa photo pour faire tous les foyers de jeunes filles, les bureaux de tabac, les boulangers, les lieux où elle pouvait aller. En fait, on fait ce qu'on peut avec les moyens qu'on a", décrit Marie-Josée Garcia.

Vingt ans après, la mère regrette le manque de discernement des autorités et leur acharnement à relier les différentes disparitions. "Je pense que d'une certaine façon, l'enquête pour Tatiana n'a pas été faite de la façon dont elle aurait dû être faite", déplore-t-elle. "Ils ont trop fait de rapprochements entre ces trois affaires. Donc inévitablement, à chaque fois qu'il y avait un témoignage ou un soupçon sur une personne, donc il vérifiait pour les trois, pour les trois jeunes filles. Bon, après, c'est bien, ça a quand même permis d'arrêter Jacques Rançon, qui est quand même un monstre".

Marie-Josée Garcia s'est rendu au procès du meurtrier en 2021 par solidarité avec les autres familles de victimes et avec beaucoup d'espoir. "On a vu longtemps après résoudre l'affaire de Mokhtaria et de Marie-Hélène, à un moment où personne n'y croyait, déclare-t-elle à l'époque. Donc, si la police judiciaire est parvenue à élucider ces mystères, je suis convaincu aujourd'hui qu'ils arriveront à trouver celui qui a fait disparaître ma fille."

Le pôle cold-case, c'est la carte de la dernière chance

Marie-Josée Garcia, mère de Tatiana Andujar

Aujourd'hui, c'est le pôle cold-case de Nanterre qui travaille le dossier de Tatiana. "Je dis toujours que c'est la carte de la dernière chance en fait, parce que ce sont des personnes qui vont travailler que sur les cas de disparition, explique-t-elle avec émotion. La police judiciaire de Perpignan, je leur serai éternellement reconnaissante, éternellement. (...) Après, il ne faut pas oublier qu'ils ont énormément d'affaires, que les tribunaux sont saturés et donc pour moi, là, il va s'agir d'enquêteurs, de juges d'instruction qui ne vont faire que ça. Donc je me dis que s'ils ont encore une toute petite chance de trouver ça peut-être que par ce biais-là."

Elle espère désormais que la nouvelle équipe va creuser la piste Marc Delpech. "J'espère qu'ils vont peut-être éplucher un peu plus son emploi du temps, vérifier où est-ce qu'il travaillait exactement à l'époque, quel était son parcours, quels étaient les endroits où il desservait", insiste-t-elle. "Et puis on n'a pas retrouvé les affaires de Fatima et moi, je suis persuadée que si c'est Marc Delpech qui a fait disparaître ma fille, il a caché les affaires de Fatima et il ne dira pas où elles sont parce que peut-être qu'il y a des affaires de ma fille."

L'homme qu'elle tient pour principal suspect est aujourd'hui en liberté. "Il est sorti de prison l'an dernier. Je pense qu'il est revenu dans la région parce que ses parents sont de la région. Je sais juste qu'il est sorti de prison. Je ne sais pas ce qu'il fait." Elle préfère même "ne pas le savoir".

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