Affaire Tatiana Andujar : la dernière des "disparues de la gare de Perpignan" ?

Elles s'appelaient Fatima, Mokhtaria, Marie-Hélène... et Tatiana. Toutes ont disparu entre 1995 et 2001 en gare de Perpignan. Trois ont été retrouvées mortes. La dernière, Tatiana Andujar est encore une affaire inélucidée récemment confiée au pôle cold-case de Nanterre.

"J'en suis convaincue, on ne retrouvera plus ma fille vivante ça, c'est une certitude", assure sa mère Marie-Josée Garcia dans Les Voix du crime. Depuis le dimanche 24 septembre 1995, elle reste pendue au téléphone dans l'espoir du coup de fil qui mettra fin à ses angoisses. Ce jour-là, sa fille de 17 ans devait rentrer de week-end et plusieurs personnes assurent l'avoir vue en gare de Perpignan. Depuis, plus de traces de Tatiana. Son corps n'a jamais été retrouvé non plus.

Les premières années sans nouvelles, les proches de Tatiana vivent au rythme des rebondissements des quatre affaires. "Dès qu'on parle d'une jeune fille qui a disparu, évidemment, on pense à Tatiana", raconte Marie-Josée Garcia... mais sans plus. "On n'associe pas du tout la disparition de Mokhtaria et de Tatiana, parce qu'on n'a pas de corps, on n'a rien du tout. Donc on n'associe pas. Malheureusement, quelques mois plus tard, on découvre le corps de Marie-Hélène."

De Jacques Rançon à Marc Delpech

La presse relie les trois affaires, et surnomment les trois jeunes filles "les disparues de la gare de Perpignan". L'enquête sur la disparition de Tatiana est rouverte après avoir connu un non-lieu. Et si le coupable des meurtres de Mokhtaria et Marie-Hélène s'en était aussi pris à Tatiana ?

Le coupable identifié, Jacques Rançon, nie. "Il était en prison au moment de la disparition de Tatiana et il n'a pas bénéficié ni de sortie ni de remise de peine. Donc c'était exclu que ce soit Jacques Rançon", indique Marie-Josée Garcia. Depuis, il a été condamné à la prison à perpétuité.

En 2001, le corps de Fatima est retrouvé dans un étang, le coupable s'appelle Marc Delpech. Cette piste paraît nettement plus prometteuse pour les proches de Tatiana. "Marc Delpech était le gérant du café San Diego, un endroit qu'avait fréquenté Tatiana, qui n'était pas loin de l'université", insiste Marie-Josée Garcia. "Et puis on tombe dans les affaires de Tatiana, sur un flyer qui vante une soirée pour le 24 septembre au San Diego. Donc, jour de la disparition de Tatiana... ça fait froid dans le dos."

Des coïncidences suspectes

La mère de la disparue insiste : "Il y a énormément de points qui le lie à ma fille quand il est arrêté. Les policiers perquisitionnent chez lui et retrouvent une ébauche d'un livre qui parle de la disparition d'une jeune fille. Et l'héroïne s'appelle Tatiana. Il décrit ma fille descendant l'avenue Ribert, la façon dont elle était vêtue près de la gare de Perpignan, et il a gardé des coupures de presse. Donc beaucoup trop de coïncidences pour moi, mais pas que pour moi, pour les policiers, pour mon avocat à l'époque."

Marc Delpech se défend en racontant avoir pour projet d'écrire un polar sur ces affaires de disparitions, et nie avoir rencontré Tatiana. Un argument que Marie-Josée Garcia tient pour faux : Tatiana avait raconté à son père avoir rencontré un certain "Marc Delpech" qui lui avait proposé de l'aider à trouver du travail. Il avait aussi travaillé à Port-Leucate, lieu-même où travaillait Tatiana pendant l'été.

Vingt-huit ans après, Marie-Josée Garcia en est persuadée : Marc Delpech est impliqué dans la disparition de sa fille. Une piste qui est au cœur des investigations menées par le pôle cold-case de Nanterre, en charge du dossier Tatiana Andujar depuis janvier 2023.

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