Affaire Tatiana Andujar : "Ce n'est pas parce que le temps est passé qu'on a moins mal", confie sa mère sur RTL

À l'automne 1995, Tatiana Andujar, une lycéenne perpignanaise, disparaît sans laisser de traces. Escapade prolongée chez une copine, fugue amoureuse ou mauvaise rencontre… Les scénarios possibles se multiplient à mesure que l'inquiétude gagne la famille. Comme trois autres femmes assassinées, elle circulait dans le quartier de la gare la nuit du drame. La police va tenter de tirer cette histoire au clair. 

"Elle nous disait qu'elle allait rentrer tard, qu'il ne fallait pas qu'on s'inquiète", se souvient Marie-Josée Andujar, la mère de la disparue. Pourtant, au petit matin de ce lundi 25 septembre 1995, la chambre de Tatiana est intacte et le lycée Arago, dans lequel l'adolescente de 17 ans est scolarisée, signale son absence. Une photographie de Tatiana est publiée dans le quotidien L'Indépendant.

David, un jeune militaire, répond à cet avis de recherche et confie avoir échangé avec Tatiana Andujar dans le train ralliant Toulouse à Perpignan. Il ajoute que la jeune femme avait menti à ses parents sur la destination de son week-end entre amis. D'autres témoins se manifestent et l'un d'eux raconte avoir vu Tatiana téléphoner dans une cabine publique. 

Quatre cas similaires

Deux ans et demi après la disparition de Tatiana Andujar, le corps d'une autre femme est découvert dans un terrain vague au sud-ouest de Perpignan. La malheureuse est identifiée comme étant Mokhtaria Chaib, étudiante, 19 ans. Les dossiers présentent des similitudes. Un suspect se détache : le Péruvien Andres Palomino Barrios. Il est mis en examen et écroué. 

Mardi 16 juin 1998, Hélène Gonzalez, 22 ans, s'évanouit également dans la nature. Dix jours plus tard, un ferrailleur retrouve le corps dénudé d'Hélène Gonzalez dans une zone en contrebas de l'autoroute A8. Elle a été mutilée, la tête et les deux mains coupées. Andres Palomino Barrios était en prison quand Hélène Gonzalez a été tuée. Il est mis hors de cause pour les deux dépeçages. 

Un quatrième meurtre, celui de Fatima Idrahou, met les enquêteurs sur la piste de Marc Delpech, un patron de bar. Il a violé et étranglé cette caissière de 23 ans. Elle l'aurait menacé de révéler leur relation à son épouse. "On s'est aperçu qu'il était capable de tuer une femme. Non seulement il tue, mais on voit que c’est un meurtre camouflé, dissimulé auquel succèdent de nombreux mensonges", indique Thibaut Solano, journaliste et directeur adjoint de la rédaction à Marianne. Mais comment le relier aux autres crimes ? Dans ces affaires, un indice se dessine progressivement. La gare de Perpignan en est l'épicentre systématique. 

Un aiguillage vers le pôle des cold cases

"Je me demande si je n'ai pas commis d'autres crimes, je me pose la question", déclare Marc Delpech devant les experts psychiatres. La famille Andujar s'accroche à ce détail et les forces de l'ordre approfondissent leurs recherches sur le condamné. Chez lui, les enquêteurs trouvent des coupures de journaux sur les disparues de la gare. Il dit qu'il s'en servait pour écrire un polar. Dans son ordinateur, on trouve effectivement l'ébauche d'un roman étrangement baptisé Tatiana et racontant l'enlèvement d'une jeune femme près de la gare de Perpignan. 

Mardi 14 octobre 2014, le cariste-magasinier Jacques Rançon, 54 ans, connu pour viol, est en garde à vue pour les meurtres de Mokhtaria Chaib et Marie-Hélène Gonzalez. Il a été trahi par son ADN. Il est condamné pour ces deux crimes. En revanche, aucun lien n'est établi entre Rançon et Tatiana. Le dossier Tatiana Andujar est désormais entre les mains du pôle des cold cases de Nanterre. En 2022, dans L'Obs, Marie-Josée Andujar suppose : "Peut-être que quelque chose a échappé à la justice ou à la police et qu'avec un œil nouveau on va trouver une faille".

Trois décennies se sont écoulées depuis la disparition de Tatiana Andujar. Trois décennies de chagrin pour Marie-Josée Andujar mais elle n'abandonne pas les recherches. "Ce n'est pas parce que le temps est passé qu’on a moins mal. C’est tout aussi douloureux", souligne-t-elle dans L'Heure du Crime, sur RTL.

Si vous avez la moindre information sur cette disparition contactez l'adresse mail suivante : appel.tatiana66@gendarmerie.interieur.gouv.fr 

Les invités de "L'Heure du Crime"

- Thibaut Solano, journaliste et directeur adjoint de la rédaction à Marianne. 
Auteur du livre : Les disparues, publié aux éditions Les Arènes. 
Consultant pour la série Les Disparues de la gare, disponible sur Disney+ le 8 octobre.
- Marie-José Garcia, mère de Tatiana Andujar.

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