Affaire Sylvie Aubert : quelles sont les pistes privilégiées par les enquêteurs ?

Vendredi 14 novembre 1986, autour de 21h55, Louis Aubert est inquiet. Sa fille Sylvie, 23 ans, travaille au supermarché Mammouth de Chalon et elle n'est toujours pas rentrée. Étrange, car Sylvie est du genre ponctuel. Le père retrouve le cyclomoteur de sa fille abandonné, en bordure de la route, tout près de Chalon-sur-Saône. Rien n'a été volé. Au milieu de la chaussée, il y a une de ses chaussures. La deuxième est introuvable, tout comme son casque.

Cinq mois plus tard, le corps de Sylvie Aubert est retrouvé. Deux frères qui font du canoë sur la Dheune, une petite rivière au nord de Chalon-sur-Saône, aperçoivent un corps qui flotte entre deux eaux. Il est en état de décomposition avancée. La victime a les poignets liés dans le dos avec un fil de fer. C'est Sylvie Aubert. 

L'enquêteur privé Roger-Marc Moreau, engagé par la famille Aubert, explore plusieurs pistes. L'une d'elles mène à un jeune homme ayant fait les vendanges avec Sylvie, qui l'importunait.

Des preuves insuffisantes

De plus, la petite amie du suspect note un changement de comportement chez lui depuis cette nuit, le décrivant comme "hyper nerveux". Malgré ces incohérences et un changement de version sur son emploi du temps, le juge d'instruction estime les preuves insuffisantes, lève la garde à vue et aucune poursuite n'est engagée. 

En 1996, dix ans après la mort de Sylvie Aubert, le juge d'instruction de Chalon-sur-Saône délivre un non-lieu. Aucune piste n'a abouti.

En février 2006, le procureur relance l'enquête sur sept meurtres non résolus, dont celui de Sylvie Aubert, sous la pression de l'association Christelle. Martine, la grande sœur de Sylvie en fait partie : "C'est une obsession de trouver le criminel. C'est pourquoi j'ai voulu rentrer dans l'association en 2006. (...) Tous les jours, j'y pense. Ça va faire 39 ans en novembre. Je pense que l'on pourra retrouver. Je ne désespère pas." 

Un tueur allemand dans le viseur

Les enquêteurs se penchent sur un autre profil : Muenstermann, tueur allemand incarcéré pour meurtre et viol en Rhénanie de Karen Oehme. Ils notent des correspondances entre les meurtres de Karen et Sylvie. Les deux femmes ont subi une double strangulation et les poignets ont été attachés avec un fil électrique. 

À l'époque, l'Allemand était électricien et présent dans la région. Son camping-car aurait été vu près du supermarché où travaillait Sylvie. Mais une fois de plus, les preuves insuffisantes.

En mars 2019, la famille de Sylvie Aubert conteste le deuxième non-lieu de cette affaire, pour éviter que le dossier d'enquête ne soit refermé. Deux mois plus tard, la justice donne raison à la famille.

Le pôle des cold cases reprend le dossier

Un troisième piste se dessine, celle de Pascal Jardin, condamné pour le meurtre en 1996, dans la région, de Christelle Blétry. Il avait été rattrapé 18 ans après les faits. Il lui arrivait de fréquenter le supermarché dans lequel travaillait Sylvie Auber. 

Mais depuis, l'enquête stagne. À chaque fois le même schéma, pas d'aveux, pas d'indices probants. Mardi 1er mars 2022, le pôle criminel des cold cases, à Nanterre, reprend plusieurs dossiers, dont celui de Sylvie Aubert. 

"C'est un nouveau souffle pour les dossiers. C'est-à-dire que c'étaient des dossiers qui étaient très inactifs à Chalon-sur-Saône. On avait un mal fou à intéresser les juges d'instructions de là-bas sur ces dossiers", explique Maître Marine Allali, l’une des avocates de la famille Aubert pour L'Heure du crime sur RTL. "Aujourd'hui, on est au début d'une ré-enquête totale". 

Les invités de "L'Heure du crime"

- Maître Marine Allali, avocate au barreau de Paris et l’une des avocates de la famille Aubert avec Me Didier Seban. 

- Martine Aubert, la grande-sœur de Sylvie Aubert.

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