Affaire Sophie Toscan du Plantier : les zones d'ombre de l'enquête

Ce 28 décembre 1996, cinq jours après la découverte du meurtre de Sophie Toscan du Plantier, le dénommé Ian Bailey, 39 ans, installé dans la petite localité de Schull, à l'extrême sud de l'Irlande remplit le questionnaire d'enquête de proximité remis à certains habitants par la Gardai, la police locale.

À la question, connaissez vous la victime ?, il répond "non" et indique expressément ne l'avoir jamais rencontrée. Lors de cet entretien, les agents O'Leary et Kelleher se souviendront plus tard avoir observé des griffures sur les mains de cet homme qui n'est alors qu'un témoin parmi d'autres. Cinq jours auparavant, lundi 23 décembre, aux alentours de 10 heures, le corps de Sophie Toscan du Plantier, 39 ans, était retrouvé près du portail de sa petite maison de vacances, en surplomb de la baie sauvage de Mizen.

Les voisins ont fait l'horrible découverte. Shirley Forster et Alfie Lyons n'ont pas reconnu la Française tant le visage et le corps sont martyrisés. La victime a été tuée dans la soirée précédente ou dans la nuit. Elle porte un simple maillot de corps, un caleçon, resté accroché sur une clôture de fil de fer barbelé, des chaussures sans chaussettes. L'autopsie indique qu'elle a reçu de nombreux coups à la tête.

Des indices détériorés

Le visage a été comme écrasé avec sans doute une pierre plate découverte à proximité ainsi qu'un parpaing qui se trouvait sur place. Deux armes du crime ensanglantées. Avant l'arrivée du légiste et de la police scientifique de Dublin, le corps est resté presque trente heures sous une bâche de fortune et sous la pluie. 

Les policiers de Schull sont sous pression. Ils sont peu habitués à enquêter sur des homicides dans cette région retirée. Ils savent que Sophie est arrivée cinq jours auparavant dans cette maison de vacances qui était son refuge secret. Les enquêteurs disposent d'indices matériels mais ceux-ci sont ont été sans doute détériorés par l'exposition du corps aux intempéries.

Il y a bien une trace de chaussure d'homme de type Dr. Martens qui semble avoir lacéré le cou. Mais pas d'empreintes précises du meurtrier. Le mobile ne semble pas être d'ordre sexuel ou crapuleux. La Française, discrète, n'avait jamais attiré l'attention. Elle n'avait aucun différend sur place. On ne peut que constater un déferlement inouï de violence. Une volonté d'anéantir à tout prix cette femme.

Un homme titubant vu la nuit du meurtre

Au fil des jours, le nom de Ian Bailey revient fréquemment dans les auditions. Alfie Lyons, voisin immédiat de la victime, affirme qu'il avait lui-même présenté ce journaliste à Sophie. Trois témoins racontent avoir vu Bailey le samedi 21 décembre entre 13h00 et 15h00 au centre du bourg de Schull. Heure identique à laquelle s'y trouvait Sophie Toscan du Plantier pour faire des courses.

Trois semaines après le crime, Marie Farrell, commerçante, indique à la police avoir vu un homme titubant, vêtu d'un long manteau noir la nuit du meurtre vers 3 heures du matin. Elle est réticente à donner son nom. Puis sous serment précise qu'il s’agit de Ian Bailey. 10 février 1997, quatre semaines après le crime, Bailey est placé en garde à vue. Tout comme sa compagne, Jules Thomas, une artiste peintre chez qui il vit. Quelques heures d'audition au commissariat de Bandon. Puis le couple ressort, libre.

Les invités de "L'heure du crime"

Me Alain Spilliaert Alain, avocat de la famille de Sophie Toscan du Plantier (avec Me Laurent Pettiti et Me Marie Dosé).

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