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Affaire Simone Weber : "Elle avait une forme de respect vis-à-vis de moi", raconte le juge d'instruction
PODCAST - En 1985, Simone Weber est soupçonnée du meurtre de son ancien amant Bernard Hettier. Des indices, mais pas de preuves. Pas de quoi décourager le juge d’instruction de Nancy Gilbert Thiel qui, à l'époque, noue une complicité étonnante avec celle que tout accuse.
Un jour de juin 1985, Bernard Hettier disparaît mystérieusement. Les soupçons se tournent très vite vers son ancienne maîtresse, une certaine Simone Weber. Possessive, jalouse… Cette femme de 55 ans est accusée de l’avoir empoisonné, avant de découper son corps avec une meuleuse à béton. De nombreux indices la désignent comme principale suspecte, mais peu de preuves concrètes permettent de l'incriminer.
Pendant cinq ans, Gilbert Thiel, alors juge d'instruction à Nancy, enquête pour prouver la culpabilité de Simone Weber dans le meurtre de son ancien amant, Bernard Hettier. Dans l'épisode des Voix du Crime dédié à cette affaire, le magistrat raconte ses investigations, et la relation inédite qui est née entre celle que l'on surnomme la "diabolique de Nancy" et lui-même.
"Elle avait une forme de respect vis-à-vis de moi. Je lui rendais bien d'ailleurs, mais de temps en temps, elle dérapait. Alors là, elle pouvait compter sur moi pour lui remettre les idées en place", se souvient le juge.
Je ne faisais pas ami-ami dans l'espoir d'obtenir quelque chose
Gilbert Thiel
Au total, le juge rencontre Simone Weber à 77 reprises. Des échanges qui provoquent l'incompréhension auprès des proches de Bernard Hettier. "La réaction assez fréquente chez les victimes ou chez les familles de victimes, c'est de dire que le régime n'est jamais assez rude pour l'auteur d'un crime qui vous a blessé. Je comprends", explique le magistrat.
Il poursuit : "Je ne faisais pas ami-ami dans l'espoir d'obtenir quelque chose, j'étais quand même conscient que la vie de cette femme avait été particulièrement difficile, ce qui ne lui valait dans mon esprit aucune circonstance particulièrement atténuante au regard des comptes qu'elle devait rendre à la société."
Bien qu'elle n'ait jamais cessé de clamer son innocence dans cette affaire, Simone Weber est finalement condamnée par la cour d’assises de Meurthe-et-Moselle le 28 février 1991, à 20 ans de réclusion. Libérée après 14 ans de détention, elle décède en avril 2024 à l'âge de 93 ans à Cannes.
