Affaire Sabine Darmoise : quand l'ADN mène à l'erreur judiciaire

Le 26 décembre 2002, le commissariat de Mulhouse est informé de la découverte macabre d'un corps de femme tronçonné dans un terrain vague près du centre-ville. Le corps est réparti dans deux sacs-poubelle noirs : la tête et le tronc dans l'un, les membres et le bas du corps dans l'autre. Un troisième sac contient les vêtements intacts de la victime. Elle a consommé une grande quantité d'alcool et est morte après avoir été violemment tabassée. 

Le corps est rapidement identifié comme celui de Sabine Darmoise, 39 ans, disparue depuis le 1er décembre. Son mari, Alex Strubel, électricien de 42 ans, avait signalé sa disparition au commissariat. Le couple avait des disputes fréquentes et Sabine, vulnérable, était malheureuse dans sa vie de couple. Elle était une proie facile pour une mauvaise rencontre.

"Les éléments matériels sont contre moi"

Le 18 juillet 2003, le dossier bascule. Le laboratoire informe la juge d'instruction que des analyses génétiques ont révélé un ADN masculin. Il est notamment détecté sur des cheveux dont l'un retrouvé dans la paume de la main de Sabine. Il correspond à celui d'Alex Strubel. 

Un an après le début de l’enquête, le mari est placé en garde à vue. Les policiers l'interrogent quant à la présence de son ADN. Il dément : "Je ne sais pas quoi dire. Je n’ai rien à répondre. Je vois bien que les éléments matériels sont contre moi." Seul soutien, la petite fille du couple qui maintient que son père n'a jamais quitté le domicile au soir de la disparition de sa mère.

Un jumeau d'ADN

Plus de cinq ans après le meurtre de Sabine Darmoise, les enquêteurs découvrent qu'Alex Strubel a un jumeau d'ADN, une coïncidence rare avec une chance sur 1000. Cet ADN appartient à Pascal Boutherin, 39 ans, sans lien de parenté avec Strubel. L'homme, impliqué dans une affaire de proxénétisme, résidait près du lieu du crime.

Pascal Boutherin n'a pas que l'ADN qui correspond au profil du tueur. Il ciblait des femmes vulnérables et isolées et avait l'habitude de frapper ses compagnes. Des témoins le décrivent comme menaçant et brutal. À la période du crime, il avait disparu de la circulation et n'était réapparu que quatre jours après la découverte du corps. 

La fin du calvaire

Mardi 18 novembre 2008, le calvaire d'Alex Strubel est enfin fini. Son contrôle judiciaire est levé et il bénéficie quelques mois plus tard d'un non-lieu. Avec l'ADN et le profil psychologique de Pascal Boutherin, la juge d'instruction conclut qu'il est impliqué dans le meurtre de Sabine Darmoise. Mais il ne pourra pas être interrogé par la police, car il est mort quelques mois auparavant. 

 "Je reste convaincu qu'aujourd'hui, avec les mêmes éléments d'enquête, on n'arriverait pas aux mêmes conclusions. Strubel ferait sans doute une garde-à-vue et serait libéré à l'issue de sa garde-à-vue", estime Alain Cheval, journaliste aux Dernières Nouvelles d'Alsace et invité de L'Heure du crime. 

Les invités de "L'Heure du crime"

- Maître Alex Civallero, avocat au barreau de Mulhouse et avocat d'Alex Strubel.

- Gilles Poirier, enquêteur à la Police judiciaire de Mulhouse lors de l'affaire. 
- Alain Cheval, journaliste aux Dernières Nouvelles d'Alsace.  

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