Affaire Chantal Croiset : le voisin idéal était un tueur de femmes

PODCAST - "L'Heure du crime" se penche sur l'affaire Chantal Croiset, qui a disparu soudainement pendant l'été 2013. L'enquête va se pencher sur l'un de ses voisins : un DJ vieux garçon.

Chantal Croiset

Crédit : Photo famille

L'INTÉGRALE - Affaire Chantal Croiset : musique mortelle pour le DJ

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Lundi 12 août 2013, Jonathan Brunet est au commissariat de police d'Amiens. Il vient signaler la disparition de sa mère, Chantal Croiset, 55 ans. Ils ont pour habitude de s'appeler au moins une fois par semaine, mais cela fait maintenant quinze jours qu'il est sans nouvelles d'elle. Inquiet, il a vérifié son appartement, mais elle n'y est pas. Jonathan en est sûr, il lui est arrivé quelque chose.

La disparue est présentée comme une personne tranquille. Pendant plusieurs années, elle a tenu le bar le Walter, à Amiens. Séparée de son mari, elle ne travaillait plus et vivait seule. Les enquêteurs craignent qu'elle ait eu un accès de déprime et se soit suicidée. Son fils, mais aussi ses frères et sœurs, Franck, Philippe, Françoise, n'y croient pas un instant. Chantal était bien trop proche des siens pour se livrer à un geste désespéré.

Un voisin aux lourds secrets

Le 23 mai 2014, une information judiciaire est ouverte pour élucider la disparition de Chantal Croiset. La surveillance de son téléphone révèle qu'il a été utilisé après sa disparition. L'enquête remonte jusqu'à un certain Jean-Paul Dancoisne, un DJ de 50 ans, voisin et ami de la disparue. Ceux qui le fréquentent le présentent comme un homme "gentil, serviable, agréable, jamais un mot plus haut que l'autre".

Mais les policiers savent que Jean-Paul Dancoisne n'est pas le voisin idéal. Son casier judiciaire est lourd : en 1989, il a violé une femme à Arras, ce qui lui a valu huit ans de prison. En 1995, à peine libéré, il a tué une mère de trois enfants, écopant de 25 ans de prison. Seize mois après sa libération, le voilà suspecté d'avoir enlevé et tué Chantal Croiset.

"C'est un échec d'enquête. D'autant plus que Jean-Paul Dancoisne fait l'objet d'une mesure de suivi socio-judiciaire", souligne Maître Jérôme Crépin, avocat de la famille de la victime, au micro de L'Heure du crime pour RTL. "On ne s'est pas intéressé à lui et en ne s'intéressant pas à lui, on ne s'est pas non plus intéressé à Chantal Croiset."

"Elle est dans la poubelle"

Mercredi 15 avril 2015, presque deux ans après la disparition de Chantal Croiset, Jean-Paul Dancoisne est placé en garde à vue. Le DJ apparaît stressé devant les policiers. Il répète qu'il a peur de retourner en prison. Il avoue pourtant tout de suite le meurtre de Chantal Croiset. "Elle est dans la poubelle" déclare-t-il. Les enquêteurs le suivent jusque dans la petite cour. Il désigne dans un recoin un conteneur.

Sous une toile cirée et un rideau de douche, les enquêteurs découvrent un cadavre en décomposition, lié aux chevilles, avec des signes d'étranglement. Dancoisne affirme ne pas se souvenir des raisons de son acte, évoquant une dispute survenue après que Chantal lui a demandé de l'argent.

Mobile financier ou sexuel ?

Tous ceux qui connaissaient Chantal Croiset s'étonnent de cette description. Annick, une amie proche raconte que Chantal avait certes du mal à boucler ses fins de mois, mais elle ne demandait jamais d’argent à qui que ce soit. Les enquêteurs ne croient pas au mobile financier. Ils voient plutôt un crime sur fond de frustration sexuelle, l’homme n’ayant jamais eu de vraies relations sentimentales.

"Sur le mode opératoire des deux meurtres de Dancoisne, à chaque fois la mort est consécutive à une strangulation. Dans les deux cas, les victimes sont dénudées donc on peut s'interroger sur le caractère sexuel de ces meurtres", détaille Clémentine Bisiaux, journaliste police-justice au micro de RTL.

Mercredi 11 octobre, troisième jour d'audience, Jean-Paul Dancoisne, meurtrier de femmes, récidiviste, est condamné à la perpétuité. La famille regrette que Dancoisne soit sorti de prison avant l'heure, après le premier meurtre sans aucune obligation de soins ou de suivi psychologique. "S'il avait purgé toute sa peine précédente, ma mère serait encore en vie" avait indiqué le fils de la victime, par la voix de son avocate, Me Marion Mangot.

Les invités de "L'Heure du crime"

- Maître Jérôme Crépin, avocat au barreau d’Amiens et avocat de la famille de Chantal Croiset.

- Clémentine Bisiaux, journaliste réalisatrice spécialiste des sujets police-justice.

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