Affaire Marine Boisseranc : l'énigme du chemin des Aubépines

Mardi 11 octobre 2005, Éric Boisseranc découvre en rentrant chez lui le corps de sa fille, Marine, 20 ans, dans le salon de la maison familiale, à Chazay-d’Azergues. La jeune femme a été frappée à la tête avant de recevoir douze coups de couteau au cou et au torse. L'autopsie ne relève aucune trace de violence sexuelle. Il n'y ni trace d'effraction, ni vol dans la maison. Seul le portable de la victime et le combiné téléphonique fixe ont disparu. 

Les experts indiquent que le tueur est droitier ; il pourrait mesurer 1 mètre 80 et chausserait du 43 selon une empreinte de basket, modèle Nike Air, retrouvée sur place. Un SDF de 32 ans, Emmanuel M. est alors interpellé par les gendarmes. Il a déjà été condamné pour violences et vol, c'est un passionné des couteaux, il reconnaît aimer les femmes blondes, la couleur de cheveux de Marine, et l'empreinte de chaussure relevée sur la scène de crime correspond à sa pointure et à une paire de baskets qu'il possède. Il est pourtant relâché. Sa chaussure ne correspond pas exactement à celle retrouvée sur la scène de crime.

Samedi 16 août 2008, trois ans après le meurtre de Marine Boisseranc, des similitudes sont notées avec l’affaire du petit Valentin, 11 ans. Il avait été poignardé quelques semaines plus tôt dans une commune de l'Ain par deux marginaux, Stéphane Moitoiret, un schizophrène, et Noella Hégo. Le couple est arrêté. Cette piste est rapidement mise entre parenthèses. 

"Il est possible que ce soit un schizophrène, mais je dirais alors que c'est un schizophrène qui connait Marine. Elle a ouvert à cette personne. Puis, j'ajouterais que c'est un schizophrène totalement lucide. On est très loin de la psychopathologie aveugle, de rage avec la volonté de tuer, indique Anne-Rachel Van Der Horst, criminologue qui a assisté la famille pour trouver la vérité. C'est une personne qui était lucide, qui a emporté deux objets très importants : le téléphone portable de la victime et le téléphone fixe de la maison. Cela empêchait, en cas de survie, d'appeler à l'aide. La porte a été fermée, certes pas à clé, mais la personne ne sait pas enfuit d'une manière sauvage. Encore une fois, la scène de crime n'a pas montré de scène de lutte, de désordre particulier. Ça s'est passé extrêmement rapidement, avec un objectif : Marine." 

De l'ADN masculin

À l'époque, les gendarmes ont déjà procédé à 2.600 auditions et à des dizaines de prélèvements ADN, sans trouver le moindre indice. "Nous pensons que la vérité se trouve dans le dossier. L’assassin fait partie des personnes déjà interrogées. Ce n'est pas un crime de rôdeur", affirme l'avocat de la famille, Me Gilles-Jean Portejoie qui travaille main dans la main avec la criminologue Anne-Rachel Van der Horst.

Samedi 17 décembre 2011, Ludovic P., 26 ans, ex petit-ami de Marine, est interpellé à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle en provenance de Kuala Lumpur, en Malaisie. Après la mort de la jeune femme, il avait entrepris un tour du monde. "C'est quelqu'un qui était quand même très réservé. Quand on lui demandait comment ça va, il ne répondait pas. Il n'était pas du tout communicatif. Il n'est même pas venu aux obsèques de Marine en disant qu'il avait horreur des enterrements, regrette Éric Boisseranc, père de Marine Boisseranc. Et il est parti très peu de temps après. Il a changé complètement d'horizon. Il était dans la comptabilité avec Marine dans la même classe, et il se retrouve prof de plongée à l'autre bout du monde."

C'est alors qu'en relisant le dossier, Éric Boisseranc, père de la victime, a retrouvé les témoignages de deux jeunes garçons qui disaient avoir aperçu un jeune homme en survêtement blanc courir près de la maison des Boisseranc. La description ressemble à celle de l'ex petit-ami avec qui Marine venait de rompre. Ludovic P. est mis en examen pour homicide volontaire et écroué. Il est finalement remis en liberté, car le jour du crime, autour de 17h00, il n'était pas à Chazay-d'Azergues, mais à Villefranche-sur Saône. Il a acheté des journaux au supermarché Casino, preuve en est sur le ticket de caisse. 
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Mardi 5 janvier 2021, une ex-enseignante qui habitait à l'époque une petite commune proche de Chazay-d'Azergues, là où vivaient les Boisseranc, est entendue. Le jour du drame, elle a aperçu un homme qui venait de cambrioler un viticulteur du village. Trois ans plus tard, quand l'affaire Stéphane Moitoiret éclatait dans tous les journaux, elle a reconnu en lui le cambrioleur. Un autre témoin déclare, lui aussi, avoir aperçu Stéphane Moitoiret à 400 mètres à vol d'oiseau de la maison des Boisseranc. Le suspect, placé en détention, est entendu, mais son état psychologique fragile ne permet pas d'obtenir la moindre information.

De nouvelles expertises ADN sont ordonnées, car une trace génétique masculine inconnue avait en effet été prélevée à l'intérieur du caraco bleu que portait l'étudiante lors de sa mort. Finalement, les experts établissent mercredi 11 décembre 2024 que l'ADN de Stéphane Moitoiret ne matche pas avec celui de la scène de crime. D'autres expertises sont programmées. 

Les invités de "L'Heure du crime"

- Éric Boisseranc, père de Marine Boisseranc.
- Anne-Rachel Van Der Horst, criminologue qui a assisté la famille pour trouver la vérité.

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