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Affaire Luigi Mangione : comment est-il devenu le tueur de la 54e Rue ?
PODCAST - "L'Heure du crime" explore l'affaire Luigi Mangione. Ce jeune américain est accusé d'avoir tué en décembre 2024 le patron de la plus grande société d'assurances santé du pays. Un geste pour qui il risque la peine de mort. Ses partisans, de plus en plus nombreux, saluent une action "civique".
Luigi Mangione à la Cour Suprême de Manhattan de New York, le 21 février 2025.
Crédit : Steven HIRSCH / POOL / AFP
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En décembre 2024, sur les trottoirs glacés de Manhattan, à deux pas du Hilton, un homme s’effondre sous les balles. Ce n’est pas un inconnu : Brian Thompson, PDG de United HealthCare, le plus grand assureur privé de santé des États-Unis. Le tireur, lui, s’évanouit dans la ville comme une ombre. Ce 4 décembre, à 6h46, un crime vient d’entrer dans l’histoire, pour ce qu’il symbolise.
Quelques jours plus tard, le nom du suspect est sur toutes les lèvres : Luigi Mangione, 26 ans, fils d’une famille aisée de Baltimore, diplômé brillant, au visage d’ange, que rien ne destinait à devenir un meurtrier.
Tout porte à croire que ce meurtre a été soigneusement orchestré. Le tireur a patienté une heure en embuscade, armé d'un pistolet semi-automatique et de balles gravées d'un slogan issu du monde obscur des assurances : "Delay, deny, depose", signifiant "retarder, refuser, classer". La fuite a été tout aussi bien planifiée : un vélo de location, un taxi, une fausse identité, et une disparition dans un bus. Il a fallu cinq jours aux enquêteurs pour remonter jusqu'à lui.
Une Amérique divisée
Très vite, l’Amérique se fracture. Pour certains, Luigi Mangione est un "Robin des Bois 2.0", qui a osé s’en prendre au symbole d’un système jugé inhumain. Pour d’autres, il est un tueur, un radical dangereux qui glorifie la violence politique. Sur les réseaux sociaux, son visage s’imprime sur des t-shirts, des mugs, des banderoles : une nouvelle icône pour une jeunesse révoltée par le prix de l’insuline et les refus de prise en charge.
Luigi lui-même ne cherche pas à fuir cette image. Depuis sa cellule, il écrit : "Ce soutien transcende les clivages politiques, raciaux et même sociaux." Il clame son innocence juridique mais revendique le geste : "Ces parasites l’ont bien cherché."
Unabomber en inspiration
Mais qui est Luigi Mangione ? Un jeune homme intelligent, issu d’une famille d’investisseurs immobiliers, passionné de mathématiques et diplômé de l’université de Pennsylvanie. Un garçon qui a connu des douleurs chroniques, des traitements coûteux, une opération de la colonne vertébrale, et peut-être, un face-à-face brutal avec les limites du système de santé américain.
En 2017, déjà, sur les réseaux sociaux, il évoquait un "brouillard cérébral", un sentiment de solitude, d’incompréhension. Il lisait alors les écrits de Théodore Kaczynski, le tristement célèbre Unabomber. Dans un forum littéraire, il écrivait : "On ne peut plus ignorer que les prédictions de Kaczynski étaient prémonitoires."
Un procès médiatique
Depuis son arrestation, Mangione est devenu une figure médiatique. Chaque apparition au tribunal fédéral de Manhattan est un événement. Le 25 avril 2025, il sourit à la presse en veste beige de détenu. Il plaide non coupable. L’administration Trump réclame la peine de mort.
Autour de lui, les soutiens s’organisent. Une cagnotte lancée pour couvrir ses frais de défense a dépassé le million de dollars. Il reçoit des dizaines de lettres par jour. À l’extérieur du tribunal, des manifestants brandissent son portrait : "Luigi vaut mieux que les parasites."
Les invités de "L'Heure du crime"
- Emmanuelle Andreani, corédactrice en chef du magazine Society, auteure avec Sarah Laurent d’un long article sur cette affaire dans votre magazine Society : Luigi Mangione, un cauchemar américain.
- Nicole Bacharan, historienne, politologue et spécialiste des États-Unis. Son dernier livre : La plus résistante de toutes, publié chez Stock.
