Affaire Luc Onfray : le "meurtrier au mixeur" accusé de parricide

À l’automne 2004, une lettre anonyme vient relancer une affaire aux allures de cauchemar. Son auteur accuse un homme :  le Niçois, multirécidiviste de vol et dépressif, Luc Onfray. Il aurait éliminé deux hommes : son complice d’un ancien braquage et aussi son propre père. Le premier aurait été tué, dépecé, puis passé au mixeur. Quant au second, disparu depuis 1995, il n’a jamais laissé de trace.

L’affaire trouve ses origines en 1998, à Nice. Selon Rosso, tout commence par la plainte de sa compagne, victime d’attouchements de la part de son beau-père, Michel Renard. Il lui promet d’agir et demande de l’aide à son ami Luc Onfray. Le 14 novembre 1998, Michel Renard est donc piégé, drogué, puis transporté inconscient dans l’appartement de l'auteur de la lettre. Ce dernier raconte qu’Onfray lui a dit qu'il s'occuperait de tout et l’a même rassuré. Pour la disparition du corps, il lui faudra deux jours de travail.

Lorsqu'on a tenu la tête coupée de son père dans ses mains, à partir de là, il n'y a plus rien qui puisse me faire peur.

Propos rapportés par Philippe Rosso, que Luc Onfray aurait tenus.

En 2008, à la suite de la dénonciation, une information judiciaire est ouverte. Luc Onfray nie les faits, dénonce un "scénario de science-fiction". Pourtant, l’enquête révèle la présence de sang dans l’appartement. L’ADN de Michel Renard est retrouvé… dans un mixeur de cuisine appartenant au suspect, qu’il utilisait pour ses mélanges de protéines et vitamines en salle de sport.

"Ce mixeur, quand on le prend, on est surpris de la taille. C'était un petit mixeur, c'est au-dessus d'un mixeur pour broyer de l'ail… Mais ça reste malgré tout un mixeur de petite capacité, donc il lui a fallu beaucoup de temps", estime le major Pascal Raynaud, directeur d’enquête à la brigade de recherches de Nice, au micro de L'Heure du crime pour RTL. 

Le suspect est mis en examen pour meurtre. En janvier 2012, Onfray, son dénonciateur Philippe Rosso et la belle-fille de la victime comparaissent aux assises pour le dépeçage et le passage au mixeur du dénommé Michel Renard. Contre toute attente, le propriétaire du mixeur avoue partiellement : il reconnaît avoir frappé Michel Renard à coups de marteau, mais reste flou sur le reste. 

À la question, comment avez-vous démembré le corps ?, il répond : "J'ai imaginé que c'était un pantin". Les experts psychiatres n’y voient pas un psychopathe. Il est condamné à 30 ans de réclusion, Rosso à 28 ans, et la compagne à cinq ans avec sursis.

La piste du parricide

Parallèlement, l'affaire ne s'arrête pas là pour Luc Onfray, qui est soupçonné de parricide. En 1995, son père, Gérard Onfray, 62 ans, disparaît du domicile familial sans laisser de trace. Ce retraité, membre actif des Témoins de Jéhovah, est un homme rigide et économe. Il est intransigeant avec ses enfants, notamment Luc, qu’il traite de "parasite". 

Le lendemain, le père de famille a disparu. À l’époque, la famille pensait à une fugue. Le fils reconnait n'avoir pas participé aux recherches, car il y avait déjà des dizaines de Témoins de Jéhovah qui ratissaient la ville. L'affaire est relancée en 2009.

"C'est un personnage atypique, Luc Onfray. Il est d'une froideur incroyable, c'est quelqu'un qui ne sourit jamais. Il avait une particularité, c'est qu'il cligne très peu des yeux donc vous avez toujours l'impression qu'il est en train de vous fixer. Il ne répond pas aux questions qui vont toucher le dossier, mais il peut parler de tout le reste", se souvient le major Pascal Raynaud, directeur d’enquête à la brigade de recherches de Nice, au micro de RTL.

Un procès sous tension, trois décennies plus tard

Le 28 avril 2025, Luc Onfray, 59 ans, comparait devant la cour d’assises des Alpes-Maritimes pour le meurtre de son père, il y a 30 ans. Amaigri, barbe blanche et crâne dégarni, il fait face à une justice déterminée, mais à un dossier fragile. Aucun corps, aucun témoin direct et une famille silencieuse.

"C'est ce qui est particulier dans cette affaire, c'est qu'on est là pour juger des faits, on n'est pas là pour rejuger une affaire précédente. Mais c'est impossible de s'en défaire de l'affaire précédente. On le perçoit forcément comme le meurtrier au mixeur. Effectivement, le public, les journalistes, les jurés, les avocats, je pense que tout le monde le voit comme ça", explique Christophe Cirone, journaliste au quotidien Nice-Matin. 

Deux jours plus tard, après trois heures de délibéré, les jurés acquittent Luc Onfray du meurtre de son père. Sans grande émotion, l’accusé accueille la décision : "Ils ont décidé que j’étais innocent. Si j’avais dû retourner en prison, j’y serais allé".

Les invités de "L'Heure du crime"

- Christophe Cirone, journaliste au quotidien Nice-Matin et a publié dans le journal un hors-série Crimes & Mystères sur la côte d’Azur et dans le var. Il est disponible chez tous les marchands de journaux. 
- Maître Jean-Pascal Padovani, avocat au barreau de Nice et avocat de Luc Onfray. 
- Major Pascal Raynaud, directeur d’enquête à la brigade de recherches de Nice. 

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