Affaire Joël Lévêque : la mort de trois de ses épouses est-elle un hasard ?

Samedi 7 septembre 2013, un couple de plaisanciers qui navigue au large de Hyères, dans le Var, aperçoit une femme et un homme dans l'eau. Lui, Joël Lévêque agite du bras, mais sa femme, Li Yao, 54 ans, est inerte. Ramenée au bord du rivage, la victime est déjà décédée lorsqu'elle est prise en charge. Le médecin note des traces de mousse autour de la bouche et une marque rouge sur le cou. Une autopsie est donc demandée, mais ne révèle pas de coup suspect et conclut bien à une noyade.

Spontanément, des proches de la victime déclarent aux gendarmes qu’elle ne s’entendait plus avec Joël Lévêque, l'accusant d'être violent. Elle disait craindre pour sa vie, notamment lors des sorties en mer. Le 31 août, elle a téléphoné à une amie en lui disant : "Si ce soir je ne t'appelle pas, c'est que je suis morte". Autre fait suspect, les gendarmes apprennent que juste avant le décès de Li Yao, Joël Lévêque recherchait déjà une autre compagne sur un site de petites annonces. 

Les enquêteurs se penchent alors sur la vie sentimentale de l'homme. Il a été marié quatre fois, mais trois de ses épouses sont décédées. En 1987, il reste un an en couple avec Théodora Cabri, 33 ans. Handicapée comme lui, elle ne pouvait pas prendre son bain toute seule. Elle est pourtant retrouvée morte dans une baignoire remplie d’eau. Trois ans après, il se remarie à Catherine Calafat, 24 ans. Diabétique et mal voyante, il ne fallait pas non plus la laisser seule. Pourtant, en 1996, elle est retrouvée sans vie, près de son lit, une trace suspecte sur la gorge. Les deux dossiers avaient été classés sans suite.

"Nos investigations démontrent que les trois épouses ont été placées dans une situation où, du fait de leur handicap ou de leur pathologie propre, l'accident et la mort étaient inévitables. Monsieur Lévêque le savait, il connaissait les risques, agissant ainsi comme un véritable chef d'orchestre pour mettre en scène des accidents domestiques afin de dissimuler des homicides", explique l'adjudant Xavier Gaillan, ancien directeur d’enquête à la brigade de recherches de Hyères.

Un "malheureux concours de circonstances" ?

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16/10/2025 à 15:00 - 40m03s

Après sept ans d'enquête sur la noyade controversée de Li Yao, Joël Lévêque, 61 ans, est interpellé à son domicile en 2021. L'homme réfute toute responsabilité dans la mort de sa quatrième femme. À propos des soupçons qui pèsent sur lui, il répond qu'il a "toujours joué de malchance avec ses épouses successives". Pour les morts de Théodora Cabri et Catherine Calafat, il nie toute implication. Il est quand même mis en examen pour l’assassinat de Li Yao et écroué.

L'homme de 65 ans est finalement jugé pour la noyade de son épouse Li Yao mercredi 7 janvier 2025. Un "malheureux concours de circonstances", selon lui. L'avocat général évoque, de son côté, une "curieuse sortie en mer avec une épouse ne sachant pas nager, aquaphobe et qui craignait pour sa vie". L'homme est finalement condamné par les jurés de la cour d'assises du Var à quinze ans de prison pour la mort de Li Yao, sa quatrième épouse.

"Le fait qu'il ait posté une annonce sur internet pour chercher une nouvelle femme peu de temps avant et après les faits, c'est plus ça qui a retenu l'attention, plus que le mobile financier en réalité parce que les successions sont bloquées par les enfants, indique Me Valentin Loret, l'un des avocats de Joël Lévêque. La personnalité de Monsieur Lévêque à l'issue du procès est encore difficile à cerner, même pour ses avocats."

Les invités de "L'Heure du crime"

- Adjudant Xavier Gaillan, ancien directeur d’enquête à la brigade de recherches de Hyères.
- Me Tom Bonnifay et Me Valentin Loret, avocats au barreau de Marseille, avocats de Joël Lévêque.
- Vincent Wattecamps, journaliste police/justice pour le quotidien Nice-Matin qui a suivi l'affaire.