À 40 ans, Jean-Paul Daussy, marié, deux enfants et des collègues de travail qui l'estimaient, a trouvé la mort au volant de sa voiture, lors d'une nuit brumeuse de l'hiver 1987 sur une petite route de l'Aisne. Le pauvre homme s'est retrouvé prisonnier de son automobile en flammes.
Jeudi 12 février 1987, vers 4h15 du matin, William Noël, ouvrier
agricole, roule à bonne allure sur la route glissante qui traverse la
forêt de Marfontaine, à une quarantaine de kilomètres de Laon, dans
l'Aisne. Dans un
virage, l’automobiliste aperçoit une carcasse de voiture qui finit de se
consumer. À l'intérieur, personne du côté du conducteur, mais à la place du passager, un corps carbonisé. Lorsque les gendarmes arrivent sur place, quelques minutes plus tard, ils ne notent aucune trace de freinage. En revanche point notable, "la boîte de vitesse est enclenchée sur la première", nous apprend Isabelle Horlans, journaliste et spécialiste de l'affaire. "Il y aussi le frein à main qui est serré et qui aurait pu être actionné" par quelqu'un d'autre, explique-t-elle.
Dans les jours qui suivent, l'expert automobile balaie leurs doutes. Selon lui, la voiture roulait tout simplement trop vite, entre 80 et 100 km/h. Quant à l’incendie, il a été causé par un court-circuit. La victime, le chef des ventes, Jean-Paul Daussy, rentrait chez lui, à Urcel.
Lorsque les gendarmes viennent apprendre la nouvelle à la famille du défunt, son épouse, Ginette, 41 ans, éclate en sanglots. Cette dernière leur apprend qu'elle n'avait plus de nouvelles de lui depuis la veille et qu'elle s'inquiétait. Ginette et sa fille Paola révèlent en outre que Jean-Paul, en rentrant du travail dans la soirée, a fait un stop chez son frère, sa tante et sa mère. Il les a ensuite quittés vers 20h30. Pourtant, la voiture accidentée n'a été retrouvée que huit heures plus tard, sans qu'aucun automobiliste ne l'ait vue avant. En plus de présenter un choc à la tête, la victime avait dîné - notamment du veau, des pommes de terre, et de l'ananas. Mais avec qui ?
"Le couple est a priori ordinaire, il a quand même connu des hauts et des bas, mais rien de saillant", indique Isabelle Horlans. Au-delà des points techniques, aucun élément ne fait douter les policiers sur un lien entre la famille et la mort de l'homme.
Toutefois, rapidement, des doutes surviennent. Jean-Paul Daussy avait une maîtresse, une infirmière de Chauny. Les proches étaient au courant de cette liaison, même sa femme, Ginette. Le couple s'est séparé en bons termes. En revanche, la maîtresse n'était pas avec Jean-Paul le soir de sa mort. Finalement, malgré les doutes, l'enquête est bouclée.
Samedi 14 mars 1987, un mois après la mort et les obsèques de Jean-Paul Daussy, sa femme, Ginette, profite de la vie, va au ski, dépense sans compter, fait du shopping. "C'est la veuve joyeuse", décrit Isabelle Horlans. "Là où d'autres se seraient mis dans un coin, elle va dépenser beaucoup pour faire plaisir à ses enfants", poursuit-elle. Il s'avère en outre qu'elle attend désormais de
toucher l'argent de deux assurances-vie. Ginette Daussy est alors
réentendue par les gendarmes. La veuve a l'air de bonne foi et déclare être au courant des assurances-vie. Le 4 septembre, après sept mois d'enquête, le procureur de Laon referme le dossier.
Plus tard, un expert de la compagnie d'assurance L'Abeille Vie se penche à son tour sur l’accident de Jean-Paul Daussy et subodore une possible escroquerie à l'assurance-vie. Dans son rapport à la compagnie d'assurances, l'expert écrit ainsi : "La thèse accidentelle me semble irréaliste et improbable". L'enquête est rouverte. Pendant ce temps-là, Ginette et sa fille Paola vont multiplier les voyages d'agrément, Maroc, Grèce, Antilles et les sorties au restaurant.
Huit mois après la relance de l'enquête, les gendarmes reçoivent l'appel d'un inconnu leur révélant que Jean-Paul Daussy "a été tué chez lui, à Urcel, par sa femme
Ginette et sa fille Paola (...) Elles ont conduit la voiture en forêt de
Marfontaine (...) C'était pour toucher l'assurance-vie (...) Les assassins
doivent être arrêtés". Ce dernier se révèle être Maxime, un ami de la fille de Jean-Paul Daussy. Il
confirme ses révélations aux enquêteurs et leur apprend qu'un autre homme est impliqué : Christophe Auger, 25 ans, gérant d'un vidéoclub, une connaissance
de Paola. Finalement, les trois suspects vont être placés en garde à vue le 5 septembre 1988.
Les premiers aveux sortent de la bouche de Christophe Auger, qui raconte aux policiers avoir été approché par les deux femmes. Le soir du drame, il les a rejoints chez la famille Daussy. Dans son lit, Jean-Paul en train de dormir, sa fille Paola a commencé à le frapper avec un club de golf, puis s'est acharnée contre lui. Le corps a ensuite été installé dans une voiture et amené jusqu'à la forêt de Marfontaine.
Dans cette affaire, le plus surprenant est le décalage entre la manière dont Paola s'est déchaînée sur son père et l'amour qu'elle lui portait. "Quand les deux femmes ont échafaudé ce crime, Ginette a instillé le poison dans la tête de Paola pour que celle-ci, quand elle tuerait le père, pourra protéger la mère", explique Isabelle Horlans.
Isabelle Horlans, journaliste, spécialiste des affaires criminelles et auteure du livre "Les diaboliques d'Urcel", publié aux éditions Scènes de crime, collection Crime Story.
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