Affaire Anita Varnerot : a-t-elle assassiné sa fille ?

Lundi 17 février 2014, pompiers et policiers se rendent dans une jolie maison au cœur du vieux village de Melun après qu'une femme a signalé que sa petite-fille ne respirait plus. La victime, Marie Varnerot, qui allait fêter ses 18 ans dans trois jours, git sur le lit. La maman, Anita Varnerot, 50 ans, a fait la découverte avec sa propre mère. Le médecin exclut rapidement la piste du suicide. La jeune femme est morte par étouffement et a été droguée : son corps contient plus de dix fois la dose autorisée de Zolpidem, un puissant hypnotique et somnifère délivré sur ordonnance. 

Sa mère, Anita, révèle aux policiers un incident troublant. Juste avant la découverte du corps, elle a reçu un coup de fil d'un homme qui lui a dit : "On a tué ta fille parce qu'elle nous a contaminés", faisant allusion à une hépatite B dont serait atteinte la jeune femme. Les policiers demandent donc à Anita Varnerot son portable pour identifier l'interlocuteur. Malheureusement, son journal d’appels et ses SMS ont été effacés. Qu'importe, les enquêteurs persistent : l'appel a été passé avec une carte téléphonique prépayée. 

"On retrouve le jour et l'heure de l'achat de la carte chez un buraliste de Melun, ce qui permet en même temps de consulter les vidéos et d'avoir la preuve que c'est bien Anita Varnerot qui achète elle-même la carte téléphonique. Elle l'utilisera pour passer ce coup de fil qu'elle effacera par la suite", indique Jean-François Caltot, chroniqueur judiciaire à la République de Seine-et-Marne qui a suivi l'affaire. "Elle s'est appelée elle-même pour faire croire que le tueur l'avait appelée pour annoncer la mort de sa fille", précise Me Avi Bitton, avocat du père de Marie Varnerot.

Un mobile flou

La mère de Marie est aussitôt placée en garde à vue. Une perquisition chez elle permet de retrouver une boîte de Zolpidem, mais la suspecte affirme que le somnifère était destiné à son propre usage. Néanmoins, Anita Varnerot reste confuse à propos du téléphone. Les policiers lui font remarquer que le seul ADN retrouvé sur le corps de Marie Varnerot est le sien. Enfin, en espérant la faire craquer, on lui rappelle qu'aujourd'hui même, sa fille fêterait ses 18 ans. C'est alors qu'elle prononce ces mots : "Je suis un monstre. Ouvrez la fenêtre. J'ai envie de sauter". Elle ne va pourtant formuler aucun aveu. 

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Jeudi 5 janvier 2017, la maman de 53 ans se retrouve devant la cour d'assises de la Seine-et-Marne, à Melun. Elle continue de nier l'assassinat de sa fille. L'avocat général admet qu'il existe dans ce dossier des doutes quant au mobile, mais elle est tout de même condamnée à vingt ans de prison. Même peine prononcé lorsqu'elle se retrouve devant la cour d'assises d'appel à Paris.

"Les experts psychiatres qui vont examiner l'accusée vont dire qu'elle n'a pas de pathologie mentale, mais ils vont détecter un trait de personnalité lié à son histoire familiale. Anita Varnerot a été abandonnée à la naissance, elle a eu des parents adoptifs qu'elle appelle "papa, maman", en revanche ses parents biologiques, elle les appelle ses géniteurs. Et ce terme, elle va l'employer à nouveau quand elle parle du père biologique de sa fille. Elle lui dit : "Ce n'est pas ton père, c'est ton géniteur", rapporte Me Avi Bitton. Au fur et à mesure des investigations, on va se rendre compte qu'Anita a empêché le père biologique de sa fille d'entrer en contact avec elle. Et ce qui nous emmène sur une piste, c'est que Marie va être assassinée par sa mère quelques jours avant ses 18 ans alors que la victime attendait justement d'être majeure pour lancer des recherches et retrouver son père."

Les invités de "L'Heure du crime"

- Me Avi Bitton, avocat au barreau de Paris, avocat du père de Marie Varnerot.
- Jean-François Caltot, chroniqueur judiciaire à la République de Seine-et-Marne qui a suivi l'affaire.