Affaire Frédéric Péchier : quels sont les éléments à charge contre l'anesthésiste accusé d'avoir empoisonné ses patients ?

Un histoire de mystérieux empoisonnements dans une clinique de Besançon. Entre 2008 et 2017, plusieurs patients subissent des arrêts cardiaques inexpliqués. Dans la plupart des cas, un même homme est présent, l'anesthésiste Frédéric Péchier. Ce dernier est suspecté d'avoir empoisonné plus de 20 patients, dont la moitié a succombé.

Pour son avocat, Me Randall Schwerdorffer, son omniprésence ne fait pas de lui un coupable mais traduit simplement le savoir-faire de son client. "Il est systématiquement appelé par ses collègues en cas de difficulté. Parce que dès qu'il y a un problème, il est d'usage d'appeler le meilleur et on appelle Frédéric Péchier", explique-t-il dans Enquêtes criminelles. 

Mais problème, ce statut d'expert incontournable acquis par l'anesthésiste a fini au fil des années par agacer plus d'un soignant à la clinique Saint-Vincent où il exerce à Besançon (Doubs). Devant les policiers, certains collègues dépeignent un homme sûr de lui, peut-être trop. Un trait de personnalité qui va laisser entrevoir un mobile aux yeux des enquêteurs.

"Certains vont décrire le docteur Péchier, ça va être la théorie développée par les enquêteurs, comme quelqu'un d'extrêmement narcissique, qui a besoin d'être reconnu, qui se considère comme le meilleur. Et qui pourrait avoir une tendance à être une sorte de pompier pyromane, c'est-à-dire provoquer lui-même des arrêts cardiaques pour provoquer des réanimations spectaculaires, pour des raisons narcissiques, pour être le meilleur, pour briller aux yeux de ses collègues", détaille l'avocat de Frédéric Péchier. 

Des relations tendues entre collègues

Par ailleurs, pour l'accusation, il y a un élément qui revient fréquemment dans les 24 accidents relevés par le procureur. C'est le comportement de Frédéric Péchier, souvent enclin au conflit avec ses collègues, qui expliquerait même une partie des empoisonnements.

"Des recoupements ont été faits et ils démontrent qu'étaient visés, non pas d'ailleurs les patients directement, étaient visés les patients des praticiens avec lesquels le docteur Péchier avait des problèmes et l'intention de régler ses comptes. Et en plus, systématiquement, d'intervenir sur leur opération au moment de la réanimation pour avoir cette espèce de double effet. C'est-à-dire que non seulement il démontrait à ce médecin avec lequel il avait des problèmes qu'il était mauvais, mais qu'en plus, lui était très bon puisque c'est lui qui venait sauver son patient", indique un avocat de parties civiles.

C'est une preuve pour l'accusation que le docteur Péchier est bien le coupable et qu'il agit à chaque fois suite à un conflit avec ses collègues de la clinique. L'anesthésiste clame son innocence. "Je suis innocent. Je me battrai pour ça et je continuerai à me battre pour ça. Maintenant, je ne le fais même plus pour moi, je le fais pour ma famille", explique-t-il. 

En août 2024, l'affaire a été renvoyée devant la cour d'assises pour les empoisonnements de 30 patients, dont 12 mortels. Frédéric Péchier encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Il attend d'être jugé.

>> Enquêtes Criminelles, c'est le magazine des faits divers sur W9, présenté par Nathalie Renoux. C'est aussi un podcast. Chaque semaine, Jean-Marie Goix raconte une affaire emblématique qui fait ou qui a fait la une de l'actualité.

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