Affaire Caroline Dickinson : comment la pugnacité du juge Renaud van Ruymbeke a fini par payer

Le coupable a été retrouvé à des milliers de kilomètres de la scène du crime. En octobre 1997, dans le village de Pleine-Fougères, en Ille-et-Vilaine, tous les hommes âgés de 15 à 35 ans étaient soumis à un prélèvement ADN. L'objectif : retrouver le meurtrier de Caroline Dickinson, une collégienne de 13 ans violée et étouffée dans une auberge de jeunesse en pleine nuit. Une première en France qui allait faire date dans l’histoire criminelle, une opération spectaculaire déclenchée par un homme, le juge Renaud van Ruymbeke, décédé le 10 mai 2024.

Sous l’impulsion du juge Van Ruymbeke et de ses successeurs, les enquêteurs de l’affaire Dickinson ne vont plus lâcher le fil de l'ADN jusqu'à remonter à un violeur en série itinérant qui avait jusque-là échappé à tous les contrôles : un Espagnol nommé Francisco Arce Montes. Il sera retrouvé à des milliers de kilomètres de la France, aux États-Unis, où il sera arrêté. 

L'enquête a connu des débuts difficiles. On était persuadé que le coupable était arrêté et que l'affaire avait été bouclée en quelques heures, mais on se trompait. Tout est à refaire et c'est alors qu'un autre juge, Renaud van Ruymbeke, va entrer en scène et se lancer dans une opération inédite : tout un village soumis à un test ADN géant un an après le crime. 

Les parents de Caroline Dickinson estimaient utile, voire nécessaire, que la police française suive l'exemple de la police britannique

Me Hervé Rouzaud-Le Bœuf, avocat de la famille Dickinson

"Je l'ai fait à la demande des parents de Caroline Dickinson. Je l'ai fait parce que les parents de Caroline Dickinson estimaient utile, voire nécessaire, que la police française suive l'exemple de la police britannique", se souvient Me Hervé Rouzaud-Le Bœuf, avocat historique de la famille Dickinson à l'initiative de cette demande. 

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L'opération coûte cher et n'est pas facile à mettre en place, mais Renaud van Ruymbeke est têtu. "Il n'est pas convaincu à 100% que ce soit quelqu'un des environs. Il veut 'fermer cette porte'", se souvient Michel Tanneau, ancien journaliste pour Ouest-France et co-auteur avec Hélène Hémon du livre L’affaire Caroline Dickinson, une enquête hors du commun, publié aux éditions Apogée. Le juge d'instruction insiste pour remonter la piste des auberges de jeunesse et c'est là qu'apparait le nom de Francisco Arce Montes.

"Il est connu, il a déjà été condamné ici et là, y compris pour des faits tout à fait sérieux en Allemagne et en Espagne. Il a déjà derrière lui des faits criminels", se souvient son avocat Me Olivier Dersoir. "C'est quelqu'un d'instable, il est toujours en fuite, comme s'il fuyait peut-être ses fantômes ou ses angoisses. C'est quelqu'un qui n'a pas de vie ancrée dans un territoire", décrit l'avocat. 

Les invités de l'émission

Michel Tanneau - Ancien journaliste pour Ouest-France, co-auteur avec Hélène Hémon du livre L’affaire Caroline Dickinson, une enquête hors du commun, publié aux éditions Apogée.
Me Hervé Rouzaud-Le Bœuf - Avocat historique de la famille Dickinson.
Me Olivier Dersoir - Avocat de Francisco Arce Montes.

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