Police scientifique : qui était Jacques Genthial, pionnier français du 36 quai des Orfèvres ?

"On ne ferme jamais le dossier d’une affaire non résolue". Tel était le crédo de Jacques Genthial, ce "super-flic", disparu à l'âge de 82 ans le 18 mai 2020. Ce policier d'élite a imposé sa méthode à la brigade du 36 quai des Orfèvres qu'il a dirigé dans les années 80, et révolutionné la police scientifique, grâce à un rapport qualifié aujourd'hui "d'historique". 

À cette époque, la France est à la traîne, bien loin derrière ses principaux voisins européens. Dans ce dossier de 30 pages, le commissaire divisionnaire y dénonce, "l'état d'abandon des laboratoires de police scientifique", avec des équipements dépassés, des personnels arrêtés et des méthodes surannées. Personne, ajoutait-il, n'avait pris le virage de l'informatique ni intégré les nouveaux procédés de traitement des scènes de crimes. 

Dans L'Heure du Crime : les archives de Jacques Pradel, Charles Diaz ancien commissaire à la Brigade criminelle de Paris, puis chef d'état-major de la Police Judiciaire, revient sur cet homme qui a marqué l'histoire de la police.

"II faut savoir que quand il arrive comme patron de la brigade criminelle en 1982, il découvre que c'est un monde ancien. Par exemple, pour téléphoner en province, il fallait passer par le standard. Vous ne pouviez pas avoir un numéro. Il n'y avait pas de voiture, il n'y avait pas de radio, il n'y avait rien. Il s'est fâché (...) il a obtenu des moyens pour la brigade criminelle qu'il va obtenir aussi pour la police scientifique par la suite. Il a toujours eu une longueur d'avance."

La volonté de Jacques Genthial de révolutionner ces méthodes ne s'arrête pas là. La police lui doit également un dispositif révolutionnaire. "Il n'arrivait pas à identifier un tueur parce que les fichiers d'empreintes digitales, à l'époque, étaient régionaux et manuels. Et en fait, il faudra le travail de Jacques Genthial pour lancer le fichier automatisé des empreintes digitales", rapporte Richard Marlet, ancien patron de l’Identité judiciaire au micro de Jacques Pradel.

Derrière lui, Jacques Genthial, laisse une empreinte indélébile. Un esprit créatif qui allait jusqu'au bout des choses, et qui a contribué, même après sa mort, à la résolution des plus grandes affaires criminelles.