Affaire Bernadette Benaym : le meurtre de cette riche veuve était-il un complot familial ?

Dans la famille Robino, demandez d'abord le père, Hervé. En 2014, ce jardinier travaille pour Bernadette Benaym. Employé de la riche veuve, il entretient les jardins de sa luxueuse villa "Les Issambres" située à Roquebrunes-sur-Argens, dans le Var. Le 28 juillet, il découvre abasourdi la mort de sa patronne, égorgée et poignardée sur sa terrasse. Les enquêteurs ne vont pas tarder à tirer le fil de la relation entre ce jardinier d'apparence innocent avec la veuve volage.

De fait, depuis plusieurs mois, Hervé Robino entretenait une liaison avec Bernadette Benaym. Une infidélité que la femme d'Hervé, Pascale, avait découverte peu avant le crime. "Quand je l'ai appris, ça a été la fin du monde... Et on est en colère, mais on ne se reconnaît même pas. C'est dur, ça fait mal, mais mal, déclare Pascale dans Enquête Criminelles. Elle me connaissait. Pourquoi nous ? Alors oui, je hurlais. Oui, j'ai explosé." Elle aussi travaillait pour la veuve en tant que femme de ménage. Impossible pourtant qu'elle soit l'autrice du meurtre : elle dispose d'un solide alibi. 

En revanche, une personne est de plus en plus suspecte : Roxane, la fille du couple Robino. Deux semaines avant le meurtre de Bernadette Benaym, plusieurs témoins rapportent avoir entendu un appel téléphonique entre l'adolescente et la victime. "Sale pute (sic), tu laisses mon père tranquille, sinon on vient aux Issambres et on te fait la peau", aurait déclaré la jeune fille sur haut-parleur. Cela fait-elle d'elle la meurtrière ?

J'étais dans une colère noire, je n'avais qu'une envie, c'était de me rendre chez Bernadette pour lui prendre la tête

Roxane Robino aux enquêteurs

Interrogée par les enquêteurs, Roxane Robino ne cache pas son aversion pour Bernadette Benaym. "Cela me chagrinait de voir pleurer ma mère, déclare-t-elle. J'étais dans une colère noire, je n'avais qu'une envie, c'était de me rendre chez Bernadette pour lui prendre la tête." Pourtant, l'adolescente nie être l'autrice du coup de téléphone... jusqu'à ce qu'elle se compromette elle-même.

À la fin de son audition à la gendarmerie, Roxane Robino lâche : "C'est horrible, d'autant plus qu'elle a été décapitée." Or, le détail des blessures infligées à Bernadette Benaym n'a jamais été diffusé. Seule une personne ayant été impliquée de près ou de loin dans le meurtre aurait pu disposer de ces informations. Par ailleurs, les jours passent et la scène de crime finit par parler : les empreintes de la fille Robino sont retrouvées sur une bouteille d'essence prélevée sur la scène du crime, et celles de son père sur un bout d'essuie-tout. 

Devant les enquêteurs, Hervé Robino avoue le crime... et la présence de sa fille. Mais, assure-t-il, Roxane n'a rien fait. Il raconte que Bernadette n'acceptait pas la fin de leur relation et le harcelait. "On voulait lui faire peur, c'est tout, déclare le père de famille. On voulait mettre le feu à sa maison, mais ça n'a pas marché. (...) J'ai vu une silhouette, j'ai pris peur, j'ai mis des coups de couteau."

Il faut que les gens comprennent la grosse différence entre les mots et faire

Pascale Robino

Cette version ne tient pas. Du point de vue de l'enquête, aucun texto ne témoigne de harcèlement à l'égard d'Hervé Robino et les l'autopsie de la victime ne confirme pas le crime accidentel. En revanche, les enquêteurs découvrent un appel de Bernadette à Pascale, la mère. Au cours de leur échange, la riche veuve appuie sur un point sensible : elle est celle qu'Hervé aime, et leur relation est bien plus qu'un flirt.

De son côté, Pascale l'affirme : jamais elle n'aurait fait de mal à Bernadette Benaym. "C'était des mots, insiste-t-elle. Il faut que les gens comprennent la grosse différence entre les mots et faire." Pour les enquêteurs, ces dénégations ne suffisent pas : selon eux, Pascale est la tête pensante du crime et Hervé et Roxane les bras armés. 

Le 21 janvier 2015, Pascale Robino est mise en examen pour complicité d'assassinat. Son mari et sa fille sont eux mis en examen pour assassinat et placés en détention provisoire. Trois ans plus tard, leur procès s'ouvre devant la cour d'assises de Draguignan. Hervé reconnaît l'intégralité des faits, mais accuse sa femme de lui avoir demandé de tuer Bernadette Benaym. Il innocente sa fille Roxane qui fond en larmes. Au soir du cinquième jour, les peines tombent : le père est condamné à 20 ans de réclusion criminelle, la mère à 10 ans, et Roxane à 7 ans pour complicité. 

>> Enquêtes Criminelles, c'est le magazine des faits divers sur W9, présenté par Nathalie Renoux. C'est aussi un podcast. Chaque semaine, Jean-Marie Goix raconte une affaire emblématique qui fait ou qui a fait la une de l'actualité.

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