Affaire Bassarabo : qui était Louise Grouès, cette écrivaine féministe condamnée pour le meurtre de son mari ?

PODCAST - Décédée le 21 mars 1932 de la tuberculose, Louise Grouès était incarcérée depuis 10 ans à la prison centrale de Rennes pour le meurtre de son mari, Georges Weissmann-Bassarabo. Jusqu'à sa mort, elle n'a jamais cessé de clamer son innocence dans cette affaire.

Louise Weissmann-Bassarabo

Crédit : archive police de l'époque

Je m'abonne à la newsletter « Infos »

Derrière elle, Louise Grouès laisse de nombreuses questions sans réponse. En juin 1922, cette écrivaine féministe était reconnue coupable du meurtre de son mari, Georges Weissmann-Bassarabo. À l'été 1920, ce commissionnaire et grand spéculateur était retrouvé mort d'une balle dans la tête, dans une malle de voyage dans une consigne de la gare de Nancy.

Selon les différents témoignages, c'est son épouse, Louise, qui, la veille, a déposé cette fameuse valise aux bureaux parisiens de son mari, indiquant qu'il s'agissait de documents à envoyer dans la capitale lorraine. Lorsque les enquêteurs se rendent au domicile du couple, Louise, ainsi que sa fille, Paule (issue d'un premier mariage) manquent à l'appel. Toutes deux seraient parties dans une villa louée à Montmorency dans le Val d'Oise. Le mari de la concierge déclare même les avoir aidées à charger une lourde malle.

Devant les éléments, Louise Grouès (épouse Weissmann-Bassarabo) devient la principale suspecte aux yeux des enquêteurs. Et le profil de cette femme engagée, dont le premier mari est également décédé, est au cœur des soupçons : militante féministe, elle est aussi vice-présidente de l'Union fraternelle des femmes. Elle signe ses écrits sous le pseudonyme d'Héra Mirtel. Dans ceux-ci, cette chroniqueuse et conférencière dénonce la domination des hommes.

À écouter

Madame Bassarabo, la féministe tueuse de maris

00:38:13

Dans l'épisode de L'Heure du Crime dédié à l'affaire Bassarabo, Michel Leroy, auteur de Le procès de Madame Bassarabo - La ténébreuse affaire de 'l'Amazone rouge revient sur cette affaire qui a fait scandale.

"Il faut bien savoir que le combat féministe était quand même un combat extrêmement difficile et que les quelques militantes féministes, dont elle faisait partie, se heurtaient à une société très, très patriarcale. Et non seulement elle était féministe mais, en plus, elle avait la prétention de vouloir écrire, et de vouloir publier dans un système littéraire d'édition dominé par les hommes", contextualise l'écrivain.

Si Louise Grouès nie le crime, les nombreux rebondissements de l'enquête et du procès, ainsi que son engagement pour les droits des femmes, vont faire d'elle, dans une société marquée par le patriarcat, la coupable idéale. "Certains journalistes l'écrivent ainsi, qu'au fond, elle a voulu pousser le féminisme théorique dans la pratique, en tuant son mari", conclut Michel Leroy. Décédée le 21 mars 1932 de la tuberculose, Louise Grouès était incarcérée depuis 10 ans à la prison centrale de Rennes pour ce meurtre.

La rédaction vous recommande