Au moins deux épouses et quatre enfants assassinés, mais peut-être une vingtaine de victimes. Trois maisons près d'un canal poisseux de Bruxelles qu'on va finir par appeler les maisons de l'horreur. Des coups de marteau et de carabine, des scies pour découper les corps et des litres de détergent pour effacer toute trace. C'est ainsi que pendant dix ans, l'étrange pasteur András Pándy a conduit à l'abri des regards sa petite entreprise criminelle, jamais inquiété en dépit des dénonciations et des appels au secours.
La police et la justice belges garderont les yeux fermés. Il faudra attendre une autre terrifiante affaire, l'affaire Dutroux, pour que l'on s’intéresse, enfin, au dossier du pasteur Pándy. Ce pasteur hongrois, arrivé à Bruxelles à la fin des années 50, n'a officiellement jamais attiré l'attention, jusqu'à l'été 1996 où la police belge repère son nom dans une ancienne procédure.
En 2002, à l'âge de 75 ans, il a été condamné à la prison à perpétuité où il va finir ses jours. La justice belge s'était opposée à cinq reprises à sa libération avant que les psychiatres estiment que la condamnée ne représentait plus aucun danger. Agnès Pándy, aujourd'hui âgée de 64 ans, est hébergée dans un couvent de Bruges.
Une personnalité psychopathe, antisociale de type sadique et qui ne fonctionne qu'avec le sentiment de toute puissance
Alessandra d'Angelo, journaliste d'investigation indépendante et ancienne avocate au barreau de Bruxelles
Aucun corps des six membres disparus de la famille d'Andras Pándy n'a jamais été retrouvé. Personne n'a jamais su à qui appartenaient les autres restes humains découverts dans les caves. Le pasteur n'aura jamais émis la moindre confidence sur ses crimes.
"Les expertises ont parlé d'un prédateur charismatique, d'une personnalité psychopathe, antisociale de type sadique et qui ne fonctionne qu'avec le sentiment de toute puissance et très certainement multirécidiviste. Il a sans doute commis des exactions bien avant sa propre famille", raconte Alessandra d'Angelo, journaliste d'investigation indépendante. "Il a toutes les caractéristiques d'un prédateur impitoyable. Il est séducteur, il met les gens sous emprise et il détruit tout ceux qui veulent sortir de son emprise".
- Yves Smague, ancien rédacteur en chef adjoint de La Voix du Nord, auteur du livre La cave de l'horreur du pasteur Pándy
- Alessandra d'Angelo, journaliste d'investigation indépendante et ancienne avocate