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"À 30 secondes près" : l'enquête administrative estime que la fuite des voleurs du Louvre aurait pu être évitée

Un responsable de l'enquête administrative sur la sécurité du Louvre, dont une caméra a filmé l'installation de la nacelle qui a servi au casse, a pointé un problème majeur de transmission des audits de sécurité, mercredi 10 décembre, devant la commission de la culture du Sénat.

Le monte-charge ayant servi pour le cambriolage du Louvre

Crédit : Dimitar DILKOFF / AFP

Le récit d'un stupéfiant braquage en plein jour (1/4)

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AFP - édité par Gabriel Joly

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La fuite des cambrioleurs ayant dérobé des bijoux au Louvre le 19 octobre aurait pu être empêchée "à 30 secondes près", a jugé mercredi 10 décembre au Sénat un responsable de l'enquête administrative sur la sécurité du musée, pointant également un problème majeur de transmission des audits de sécurité au sein de l'établissement.

"À 30 secondes près, les agents de Securitas [la société de sécurité privée] ou les policiers auraient pu empêcher la fuite des voleurs", a déclaré Noël Corbin, directeur de l'Inspection générale des affaires culturelles (Igac), devant la commission de la culture du Sénat.

L'autre rapporteur de l'enquête, Pascal Mignerey, de la Mission sécurité, sûreté et d'audit (Missa) au ministère de la Culture, a souligné qu'une caméra extérieure avait "bien filmé l'arrivée des voleurs, l'installation de la nacelle, la montée des deux voleurs jusqu'au balcon et, quelques minutes plus tard, leur départ précipité".

Mais ces images n'ont pas été regardées en direct et lorsqu'un agent de la sécurité les a activées, "il était alors trop tard puisque les voleurs avaient quitté la galerie d'Apollon" où étaient exposés des joyaux de la Couronne, selon Noël Corbin. En introduction des auditions, le président de la commission, le sénateur centriste Laurent Lafon, a déclaré que les conclusions du rapport pointaient "la défaillance générale du musée comme de sa tutelle dans la prise en compte des enjeux de sûreté" avant le casse.

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Ce cambriolage "n'est pas un échec fortuit" et "n'est pas dû à l'accumulation d'un manque de chance, mais bien à des décisions qui n'ont pas été prises pour assurer la sécurité", alors que les failles "avaient toutes été identifiées par plusieurs travaux antérieurs aux résultats largement concordants".

L'enquête souligne un "problème de transmission des audits de sûreté"

Noël Corbin a par ailleurs souligné que les auteurs de l'enquête administrative avaient été "très surpris" par "le problème de transmission des audits de sûreté" au sein du musée, notamment lors du changement à sa présidence en 2021 et l'arrivée de Laurence des Cars. Symbole de ce manque de "mémoire", un audit réalisé en 2019 par le joaillier Van Cleef and Arpels, qui avait identifié toutes les faiblesses de la galerie d'Apollon, n'avait ainsi pas été porté à la connaissance de la nouvelle direction

Les auditions au Sénat surviennent dans un contexte toujours sombre pour le Louvre, contraint de fermer une galerie en raison d'avaries et confronté à un appel à la grève de ses agents à partir de lundi.

Au lendemain du casse, la ministre de la Culture Rachida Dati avait diligenté cette enquête administrative pour faire la lumière sur les failles sécuritaires du musée le plus visité au monde.

Sans attendre le rapport confidentiel, elle avait annoncé plusieurs "mesures d'urgence", dont l'installation de dispositifs "anti-intrusion" sur le bâtiment et dans ses alentours. Lors d'un conseil d'administration d'urgence, le Louvre a approuvé ces mesures qui ont, faute de nouveaux recrutements, laissé les syndicats sur leur faim.

La semaine prochaine, la sécurité du musée parisien continuera d'occuper cette même commission du Sénat. Mardi, elle interrogera pour la première fois l'ancien président du Louvre, Jean-Luc Martinez, dont la parole est très attendue après la mise au jour d'audits sécuritaires alarmants réalisés sous son mandat (2013-2021). Mercredi, sa successeure, Laurence des Cars, sera à nouveau entendue par les sénateurs

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