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Zone Euro : l’arrivée de la Bulgarie envoie un message à la Russie et aux États-Unis
La Bulgarie a reçu le feu vert pour intégrer la zone Euro au 1er janvier prochain. Ce sera le 21ème pays à adopter la monnaie unique.
Manifestations en Bulgarie contre l'entrée dans la zone Euro.
Crédit : Nikolay DOYCHINOV / AFP
Welcome Bulgarie ! Le pays devient le 21e à intégrer la zone Euro, c'est la preuve que l'euro peut séduire et rassurer. C'est bien de se le dire de temps en temps. Ça n'a pas été un parcours tranquille pour le gouvernement.
D’abord parce que la Bulgarie est un pays ancré dans le monde slave, avec un alphabet cyrillique. Au début de la guerre en Ukraine, la Bulgarie a voulu rester neutre en refusant d'envoyer des armes à Kiev. C'est un pays tiraillé entre Moscou et Bruxelles comme un morceau de fer entre deux aimants. Tant mieux s'il a choisi Bruxelles.
L'opinion publique bulgare n'est pas très favorable à l'Euro. Il y a eu des manifestations contre le passage à l'Euro ces derniers jours. Dans un sondage récent, la moitié des habitants voulaient conserver la monnaie nationale, le lev bulgare, en circulation dans le pays depuis 1885. Cette opposition est orchestrée par l'extrême droite pro-russe, on est toujours sous cette influence du Kremlin.
Pays le plus pauvre de la zone
Ce qui fait peur aux Bulgares, c’est la même chose qu’en France en 2002 : la perte de souveraineté nationale et la crainte de l'inflation. C'est très sensible parce que la Bulgarie sort de plusieurs années d'hyper-inflation (+15% sur les prix en 2022 lors de l'invasion de l'Ukraine). Mais si on regarde la situation aujourd'hui, la Bulgarie enregistre une augmentation des prix raisonnable à +2,7% sur un an.
Mais la Bulgarie est bien prête pour passer à l’Euro et c'est pour ça qu’elle a eu le feu vert, d’après les fameux critères de Maastricht. Les performances économiques du pays sont impressionnantes quand on regarde par rapport aux françaises : le déficit public est de 3%, la France est au double, et la dette représente 24% du PIB, quand la France est à 113%.
C'est un tout petit pays : 6,4 millions d'habitants avec des matières premières dans son sous-sol et une grosse production de céréales, la main d'œuvre y est moins chère que dans le reste de l'Europe, le salaire moyen est à 961 euros par mois contre 2.178 euros pour la moyenne européenne. C'est le pays le plus pauvre de la zone et il est fortement corrompu par la mafia. Mais ce n'est pas forcément un concurrent majeur pour les emplois français. Paris a très peu d'échanges commerciaux avec la Bulgarie. Ses principaux clients sont l'Allemagne, la Turquie, la Roumanie et l'Italie.
Être crédibles à l'international
C'est malgré tout important de faire entrer la Bulgarie dans l'espace économique de la zone Euro, pour deux raisons. D'abord, ça détache la Bulgarie de l'influence de Moscou. Dans le climat de tension actuel avec l'Ukraine, c'est important. Ensuite, ça renforce le poids économique de la zone Euro avec ses 356 millions d'habitants et de consommateurs face à la politique douanière de Donald Trump.
Tout ce qui prouve que le bloc européen et sa monnaie sont solides nous rend plus crédible dans le rapport de force avec Washington. Face à des géants comme la Chine, les États-Unis ou la Russie, il faut avoir un poids économique comparable. Et là, la bonne taille, c'est la zone euro et sa monnaie unique.
