Un scandale financier de première ampleur ébranle l’Allemagne depuis plusieurs jours. C’est la déconfiture de Wirecard, une start-up de haut vol qui valait quelque 20 milliards d'euros en bourse et avait détrôné, au sein du DAX, l’indice boursier allemand, l’une des plus grandes banques du pays, Commerzbank.
Wirecard, c’est une entreprise qui proposait un service de paiement sécurisé sur internet, pour le e-commerce par exemple. C’était le symbole de l’Allemagne high tech, la Silicon Valley sur le Rhin. Et voilà qu’on découvre que les près de deux milliards de trésorerie que la société prétendait avoir sur un compte aux Philippines... n’existent pas. Le titre s’est effondré en bourse et les actionnaires menacent de porter plainte pour escroquerie. Le ministre de l’Économie, Olaf Scholz, a qualifié cette affaire de plus gros scandale financier de l’après-guerre.
Mais comment une entreprise a-t-elle pu dissimuler le fait qu’il lui manque deux milliards ? C’est justement le problème. En principe, les comptes sont vérifiés par un cabinet d’audit. Et c’est EY, anciennement Ernst and Young, l’un des quatre plus grands mondiaux, qui était chargé de cette mission, et qui n’y a vu que du feu. Les contrôleurs ne sont pas assez contrôlés manifestement.
La crise en Allemagne atteint d’ailleurs l’autorité de contrôle, qui manque de moyen et n’a pas fait son travail. Du coup, la supervision lui a été retirée au profit d’un autre organisme, la BaFin. Dans une économie de marché, le cabinet d’audit, c’est le juge de paix. C’est lui qui certifie les comptes qui vont informer les actionnaires et la communauté financière. C’est donc une fonction très importante, et la plupart s’en acquittent bien. Mais là, il y a eu un trou dans la raquette, qui va faire mal à la réputation de EY.
Le scandale est aussi commenté par les dirigeants politiques allemands parce qu’il entache la réputation de la place financière allemande, réputée solide et transparente. Et parce qu’il intervient après les scandales touchant la Deutsche Bank, une grande banque allemande, qui aurait été compromise dans le blanchiment d’argent.
Il intervient également après le scandale Volkswagen, le constructeur auto qui avait truqué les test mesurant les émissions polluantes de ses véhicules. L’Allemagne réputée pour sa rigueur et son intransigeance est décidément tout aussi vulnérable que les autres pays quand il s’agit de délits financiers et du manque de transparence.
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