"Nous utiliserons certainement tous les moyens à notre disposition. Ce n'est pas du bluff. Les citoyens russes peuvent être sûr de l'intégrité territoriale de leur patrie". Le ton du maître du Kremlin est martial. Vladimir Poutine est-il sérieusement capable d'utiliser l'arme atomique en Ukraine ? Faut-il prendre au sérieux ses menaces ? Où ne s'agit-il que d'un coup de poker, glaçant, d'une rhétorique dangereuse, d'une fuite en avant ?
Au moment où les Russes sont en difficulté dans le conflit, nombreux sont les experts à ne pas croire à une escalade nucléaire de Moscou, à commencer par Bruno Tertrais, directeur adjoint de la fondation pour la recherche stratégique, qui répondait à Yves Calvi sur RTL.
"Cette hypothèse est extrêmement peu probable et qu'il ne faut pas affoler les populations inutilement, estime-t-il. "Il y a une énorme différence entre en parler et le faire".
"Depuis le début du conflit, Vladimir Poutine s'est comporté finalement dans le domaine du nucléaire, de manière beaucoup plus responsable et beaucoup plus sage (...) On n'a pas vu de mise en alerte des forces nucléaires (...), on n'a pas vu de mouvements d'armes nucléaires. Il y a beaucoup de rhétorique dangereuse de la part des commentateurs russes, mais pas de la part du Kremlin. Et Vladimir Poutine sait que si jamais il utilisait une arme nucléaire, ça serait fini pour lui", assure Bruno Tertrais.
Une analyse partagée par Peer de Jong dans Focus. Pour cet ancien aide de camp de François Mitterrand et Jacques Chirac, le nucléaire n'a pas pour objectif d'être utilisé, bien au contraire. "La nucléaire doit être compris comme une arme politique et pas comme une arme", rappelle-t-il. Parce que théoriquement, la dissuasion fait que le nucléaire bloque le nucléaire, le nucléaire dissuade le nucléaire. Donc il est absurde de rentrer dans une rhétorique si vous voulez, agressive ou offensive dans le domaine du nucléaire", assure Peer de Jong. Poutine "n'a aucun intérêt à faire ça".
Si un usage stratégique est sans doute à exclure, un usage tactique, plus limité, sur le champ de batailles est-il pour autant envisageable ? Pour Bruno Tertrais, le dirigeant russe pourrait être tenté de frapper d'abord les esprits. "S'il devait aller jusqu'à cette extrémité", dit-il, "je pense qu'il le ferait de manière symbolique. Une sorte de signal politique, une démonstration, par exemple, en mer Noire. Et ça serait déjà un seuil considérable. Ça serait l'événement stratégique le plus important depuis 1945".
Une démonstration de force "symbolique" qui représenterait pourtant, selon Olivier Védrine, rédacteur en chef de Russian Monitor, une erreur stratégique majeure. "Le problème, c'est que l'armée russe, la campagne en Ukraine, sont attachés à la survie politique de Poutine. (...) Il y a eu une défaite, c'est clair, mais il ne peut pas y avoir une défaite politique pour Poutine. Et c'est là qu'intervient le nucléaire", s'inquiète-t-il. Ce "refuge nucléaire" n'aurait "aucune valeur militaire" et ne mettrait pas "un frein au désastre de son armée". Mais il représenterait un "dernier coup de poker, une dernière idiotie".
Dans un élan d'orgueil ou de folie, Vladimir Poutine pourrait-il prendre le risque de franchir la ligne rouge et déclencher le feu nucléaire ? Les Américains prennent la menace très au sérieux. Mais le cas échéant, un tel ordre pourrait-il exécuté par la chaîne de commandement russe ? Pas si sûr, selon le général Michel Yakovleff, ex-vice-chef d’État-major de l'Otan. "C'est le test ultime de loyauté du président Poutine", affirme-t-il.
Selon, ce haut-gradé, "l'exécution engage des centaines de gens, dont peut être dix ou 20 ont la possibilité technique de bloquer le mécanisme (...) Donc, je pense que depuis le début, Poutine est dans le doute que ses subordonnés le suivront dans cette aventure, sachant qu'elles changent la nature du conflit. Ces gens-là ont aussi des familles et ils voudraient avoir un espoir et un avenir pour leurs enfants. (...) Monsieur Poutine lui-même n'est pas suicidaire. Quelqu'un qui reçoit notre président de la République au bout d'une table de quatorze mètres parce qu'il a peur d'un microbe français, il n'est pas suicidaire."
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