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Syrie : "J’ai très peur pour mes enfants", dit une Française détenue

REPORTAGE - Les envoyés spéciaux de RTL se sont rendus dans le plus grand camp de djihadistes au nord-est de la Syrie.

Le camp, situé en plein désert, est balayé par des vents glaciales.
Crédit : RTL/Emilie Baujard/Jonathan Griveau
Syrie : "J'ai très peur pour mes enfants", dit une Française détenue dans un camp de femmes
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Syrie : "J'ai très peur pour mes enfants", dit une Française détenue dans un camp de femmes
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Emilie Baujard
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Dans ce camp, il y a 70.000 personnes dont 11.000 étrangères. Parmi elles, plusieurs dizaines de Françaises, avec leurs enfants. C'est un endroit très particulier car il est à mi-chemin entre un camp et une prison. D’un côté, on dirait vraiment un camp avec toutes ces tentes blanches fournies par l’ONU, mais de l’autre c’est aussi une prison puisque personne ne peut sortir librement. 

Et encore moins les djihadistes étrangères qui sont toutes regroupées dans un endroit, encore plus surveillé, entouré par des gardes armées et des clôtures. On estime qu’il y aurait environ 250 enfants français et une centaine de femmes françaises ici. La plupart sont là depuis 1 an, depuis la chute de l'État islamique.

Leurs conditions de vie dans ce camp sont très précaires. Surtout en plein hiver. En ce moment, il fait moins de zéro. Les familles vivent dans des tentes qui sont souvent très abîmées. Cette Française fait justement la queue pour en obtenir une nouvelle. Elle a deux enfants et s'inquiète pour leur santé.

"Ils ont les pieds enflés à cause du froid parce qu’il gèle", explique-t-elle. "On gèle carrément. Il y a de fortes rafales de vent ici. On se chauffe avec un poêle, c’est un peu dangereux car ça peut exploser. Donc ça brûle pas mal de tentes. L’eau est gelée. Le matin il faut faire chauffer l’eau pour faire fondre la glace et pour faire la vaisselle ou autre".

  • Les femmes se bousculent vers cette camionnette pour tenter d'obtenir une nouvelle tente. Un marché noir des tentes existe aussi : 50 à 80 $ pour en obtenir une.
    Crédits : RTL/Emilie Baujard/Jonathan Griveau
  • Les femmes et les enfants viennent ici pour chercher de l'eau. Mais en ce moment les robinets sont gelés à cause du froid.
    Crédits : RTL/Emilie Baujard/Jonathan Griveau
  • Dans la section des étrangères où les femmes et les enfants vivent dans de grande tentes blanches.
    Crédits : RTL/Emilie Baujard/Jonathan Griveau
  • 11.000 djihadistes étrangères vivent ici. La majorité sont des enfants.
    Crédits : RTL/Emilie Baujard/Jonathan Griveau
  • Le camp, situé en plein désert, est balayé par des vents glaciales.
    Crédits : RTL/Emilie Baujard/Jonathan Griveau
  • A côté des ordures, des enfants jouent avec un chiot. Dans le camp, il n'y a ni jeu ni école.
    Crédits : RTL/Emilie Baujard/Jonathan Griveau

Des femmes qui font régner la terreur

L’autre inquiétude de cette Française c’est la violence qui règne dans le camp. Il faut savoir qu’on surnomme cet endroit le "Petit califat". Ici, l'État islamique vit toujours parmi les femmes les plus radicalisées. Certaines font régner la terreur et imposent des règles très strictes à tout le camp.

Toutes les femmes portent donc encore le niqab noir, on ne voit que leurs yeux et leurs pieds. Un climat de peur et de suspicion c’est installé au fil des mois. Cette française de 30 ans qui accepte de nous parler a peur des représailles. 

"Tout le monde est dangereux ici, tout le monde est violent. J’ai très peur pour mes enfants", dit cette Française. "On peut se faire tuer par les gens avec qui on est. On vit vraiment constamment dans la peur. Franchement, c’est un enfer ici". 

À regarder

Vue du camp d'Al Hol
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Que veulent ces Françaises ?

Les avis sont vraiment très mélangés : être rapatriées et être jugées en France ? ou rester en Syrie ? Elles n'ont aussi pas toutes le même parcours. Certaines sont venues de leur plein gré rejoindre l’Etat islamique, d’autres ont été emmenées de force par leur conjoint.

Myriam par exemple espère être rapatriée au plus vite avec ses quatre enfants, même si elle sait qu’elle sera incarcéré dès son arrivée en France. "Rentrer en France, avec mes enfants, oublier ce cauchemar. Je vais passer par la prison, je vais être séparée de mes enfants mais c’est la meilleure chose pour mes enfants", insiste-t-elle. 

"Je regrette tellement tout ce qui s’est passé, tout ce qui arrive, et tout ce que j’ai fait endurer à mes enfants par bêtise, d’avoir suivi le père de mes enfants, de l’avoir écouté",  poursuit Myriam. "Je suis prête à passer par la prison et à me séparer de mes enfants. C’est le plus dur. C’est pas la prison, c’est mes enfants".

Myriam, fait aussi partie des rares françaises qui sont prête à laisser leurs enfants rentrer seuls car une de ses filles souffrent d’un grave problème cardiaque.

Je ne veux pas avoir à faire au jugement de la France. Je veux pas leur mode de vie, leur façon d’être, l’école

Une Française toujours radicalisée

Mais toutes ne pensent pas comme elle. Certaines Françaises sont toujours radicalisées et entretiennent un sentiment de rejet vis-à-vis de la France. C’est le cas de cette femme partie pour la Syrie il y a cinq ans. Elle est restée aux côtés des combattants de l’État islamique jusqu’au bout, jusqu’à la chute du califat en mars dernier. 

"Je ne veux pas du tout retourner en France", explique-t-elle."Je ne veux pas avoir à faire au jugement de la France. Je veux pas leur mode de vie, leur façon d’être, l’école. Leur scolarité ça n’a rien à voir avec notre religion. Ils apprennent tout le contraire. Les conditions de vie ici, oui c’est dur, mais c’est ce que j’ai choisi pour moi et mes enfants". 

Peuvent-elles être jugées en Syrie ?

La position de la France ne change pas les concernant : aucun rapatriement n’est prévu, sauf pour les enfants les plus vulnérables. Alors peuvent-elles être jugées en Syrie ?
Il y a quelques jours les autorités kurdes ont annoncé qu’elles allaient commencer à juger les djihadistes au printemps. 

Mais une juge kurde nous confirme aujourd’hui que ça ne concernera pas les femmes. Les autorités kurdes n’ont pas les moyens de les juger. Et cette magistrate accuse les pays européens de fuir leurs responsabilités. "Quand l’Etat islamique est tombé, tous les pays européens nous ont tourné le dos et ils ont fait comme si ce problème des prisonniers n’existait pas", déclare-t-elle. 

On a beaucoup de djihadistes à gérer, on a besoin d’aide

Une magistrate syrienne

"C’est très irrespectueux. Ils devraient plutôt nous soutenir nous les juges, les tribunaux. On a beaucoup de djihadistes à gérer, on a besoin d’aide. Aujourd’hui, les camps du nord-est de la Syrie manquent de sécurité et d’infrastructures. Ce qui fait que certaines femmes arrivent à s’échapper en payant des passeurs", précise la magistrate.

Les Kurdes et les Américains ont plusieurs fois demandé à tous les pays de récupérer leurs djihadistes mais une poignée seulement a répondu favorablement. Ni jugées en France, ni jugées en Syrie, que peut-il se passer pour ces femmes maintenant ?

Personne ne sait réellement. En France, les familles multiplient les recours pour un rapatriement de toutes les femmes et les enfants. En vain. Et la réalité c’est qu'aujourd’hui ces Françaises sont dans un "no man’s land" juridique. 

Elles ne sont ni vraiment réfugiées, ni vraiment prisonnières. Et elles sont retenues par les Kurdes qui, en cas de nouvelles offensive turque, pourraient bien abandonner le camp et laisser toutes ces femmes et ses enfants s’évaporer dans la nature.

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