Lors de son premier mandat à la Maison-Blanche, Donald Trump avait suscité l'indignation en Afrique en parlant de "pays de merde". Cette semaine, les pays africains l'ont rapidement félicité pour sa seconde élection, appelant à la coopération dans le respect mutuel. Mais des questions demeurent quant à l'impact sur l'Afrique du programme isolationniste de Donald Trump, en particulier si son parti républicain contrôle la Chambre des représentants et le Sénat américain. Tour d'horizon des sujets clefs.
L'accord commercial African Growth and Opportunity Act (AGOA) est une pièce maîtresse des relations commerciales entre les États-Unis et l'Afrique. Ce traitement commercial préférentiel lancé en 2000 permet aux pays africains d'exporter de nombreux produits vers les États-Unis sans droits de douane, s'ils respectent une série de conditions (pluralisme politique, respect des droits humains, lutte contre la corruption...).
L'AGOA couvre un large éventail de produits allant de l'habillement à l'igname en passant par les voitures. L'Afrique du Sud est le plus grand exportateur non pétrolier de l'AGOA vers les États-Unis. Donald Trump a déjà promis d'imposer des droits de douane importants sur les importations, mais sa position sur l'avenir de l'AGOA, qui doit être renouvelé l'an prochain, n'est pas claire.
"Sous une administration Trump, avec son mantra 'America First', la
politique commerciale serait probablement insulaire et transactionnelle.
Étant donné le scepticisme de Trump à l'égard des cadres multilatéraux,
le maintien de l'AGOA pourrait être légitimement menacé", estime Ronak
Gopaldas, consultant à l'Institut d'études de sécurité (ISS).
Si "l'Afrique peut ne pas figurer parmi les priorités" de Trump, "sa
première administration avait poussé à la conclusion d'accords
commerciaux avec certains pays africains triés sur le volet, ce qui
suggère une préférence pour l'engagement bilatéral", note-t-il.
Autre question, la façon dont la concurrence entre l'Amérique trumpiste et la Chine se jouera en Afrique. Les États-Unis y soutiennent
d'importants projets d'infrastructures, à commencer par l'ambitieux
"couloir Lobito", un projet ferroviaire qui vise à relier la Zambie et
la République démocratique du Congo (RDC) au port de Lobito en Angola,
pour l'exportation de cuivre et de cobalt notamment.
Ce projet vise à concurrencer la Chine, qui multiplie les
infrastructures sur le continent pour garantir son approvisionnement en
ressources naturelles.
Les forces américaines ont longtemps joué un rôle dans la formation et la lutte contre le jihadisme, sur un continent où opèrent des combattants d'Al-Qaïda et de l'État islamique et leurs alliés.
Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump avait ordonné le
retrait des troupes américaines de Somalie, où elles participaient à la
lutte contre les rebelles islamistes shebab. Les États-Unis restent
toutefois un soutien important du gouvernement de Mogadiscio.
Sous la présidence de Joe Biden, les forces américaines ont été
contraintes de quitter le Niger par le gouvernement militaire de ce
pays. La France a également retiré ses troupes du Sahel sous la pression
de régimes putschistes qui se sont tournés vers la Russie.
En septembre, le général Michael Langley, chef du commandement
militaire américain pour l'Afrique (Africom), a fait état de discussions
avec d'autres partenaires africains afin de "réinitialiser et
recalibrer" l'aide militaire américaine sur le continent.
Mais avec les incursions en Afrique du groupe de mercenaires russes Africa Corps, considéré comme le successeur de Wagner, et le
renforcement des groupes armés islamistes au Sahel, quel rôle les forces
américaines joueront-elles sous Trump ? Ce dernier a déjà critiqué les
milliards de dollars dépensés par les États-Unis pour l'Ukraine.
Les États-Unis sont un important
fournisseur d'aide à l'Afrique, avec 4 milliards de dollars (3,7
milliards d'euros) prévus en 2024, selon le département d'État. Lors de
son premier mandat, Donald Trump avait proposé de réduire l'aide
étrangère de plusieurs milliards de dollars, mais s'était heurté à la
résistance du Congrès américain.
Certains médias sud-africains se demandent déjà si le programme
américain d'aide à la lutte contre le VIH, appelé Pepfar, se
poursuivra.
Concernant le climat. L'Afrique est le continent qui subit le
plus les conséquences du changement climatique, alors qu'il est celui
qui y contribue le moins. Donald Trump ayant qualifié le changement
climatique d'escroquerie, son administration pourrait freiner les
tentatives de se tourner davantage vers des solutions énergétiques
durables.
Lors de son premier mandat, Trump s'était retiré de l'accord de Paris visant à freiner le réchauffement climatique. Cette fois-ci, il
s'est engagé à revenir sur les mesures écologiques prises par son
prédécesseur.
"Le monde a expérimenté (la première) présidence Trump et le retrait
américain de l'accord de Paris. Son retour (...) est un moment de
profonde appréhension dans la diplomatie climatique mondiale", explique
Mohamed Adow, militant kényan et directeur de l'ONG Power Shift Africa,
dans un communiqué.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte