Sasha et Dima, âgés respectivement de 35 et 39 ans, ont accueilli en octobre leur bébé, le petit Marian. La nuit, ils dorment peu, non pas à cause des pleurs de leur enfant, mais en raison des alertes, qui surviennent en moyenne deux fois par nuit cet hiver.
Normalement, ils devraient se rendre dans l'abri le plus proche, dans le sous-sol d'une école. Cependant, l'endroit est froid et non aménagé. Ils ont donc pris l'habitude de laisser la poussette de leur enfant, près de la porte de l'appartement. Lorsqu'ils entendent la sirène, ils se lèvent et installent leur bébé dans le landau, prêts à fuir en cas de nécessité. Le bébé ne se réveille presque jamais, habitué à cette routine.
Les parents s'assoient près de lui sur des coussins, attendant la notification annonçant la fin du danger. Ce quotidien de jeunes parents à Kiev est relaté dans M, le magazine du Monde.
Près de la poussette, dans le couloir, se trouve le cadeau de naissance du petit, envoyé par sa tante vivant en France. Il s'agit d'un générateur électrique, en cas de coupure, ce qui arrive fréquemment.
Le couple passe la majeure partie de son temps à la maison. Sasha, professeure de français, donne généralement ses cours en ligne. Dima, monteur vidéo, est actuellement au chômage. Ils s'occupent donc beaucoup de leur bébé, ce que Sasha appelle "l'illusion familiale", une apparence de normalité pour ne pas penser au reste.
Dans ce pays, les enfants vont à l'école avec deux sacs : leur cartable et la "tryvozhna valisa", littéralement la "valise d’inquiétude", contenant tout le nécessaire en cas d'attaque. De nombreux enfants peuvent être transférés de force en Russie, et beaucoup sont orphelins.
La grande angoisse de ce couple est que le père soit mobilisé. Les réseaux sociaux regorgent d'histoires d'hommes raflés dans les rues, conduits dans des centres d’entraînement puis au front. Ces hommes se font "bussifiés", un terme inventé pour décrire ce phénomène, car les policiers les embarquent dans un petit bus. Dima sait que pour lui, ce n’est qu’une question de temps. Il évite de sortir et de s'éloigner du supermarché ou du square en bas de chez lui. En décembre, il a perdu son père, mais n'est pas allé à l'enterrement.
Certains pourraient penser que ce n'était peut-être pas le moment de faire un enfant. Sasha reconnaît qu'au début, elle trouvait cela inconcevable. Puis, la guerre s'est installée. "On ne peut pas vivre en permanence dans cette douleur. Alors on rit aussi, on va boire un verre, on fait un enfant." Pour une de ses amies, c'est presque un acte de résistance : "La Russie nous a déjà pris tellement de choses, je ne veux pas qu’elle me prenne la possibilité d’être mère."
Pour Sasha, la résistance passe aussi par le fait de parler à son bébé en ukrainien, afin que le russe ne soit pas sa langue maternelle, comme cela a été le cas pour elle. Pour l'instant, l'enfant s'endort dans ses bras, dans un fauteuil recouvert d’un châle bleu et jaune, portant l'inscription : "Be brave like Ukraine", "Soyez courageux comme l’Ukraine".
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