La Turquie vient de connaître une deuxième nuit de manifestation massive après l'arrestation du maire d'Istanbul, le 19 mars. Istanbul s'enflamme et ne dort plus. Des milliers de manifestants convergent tous les soirs vers la mairie. Ils font face aux canons à eau, aux gaz lacrymogènes. Taksim, la place au cœur de toutes les révoltes passées en Turquie est barricadée.
Tout a commencé mercredi matin. Un homme se filme chez lui, dans son dressing. Il est rasé de près, il porte de petites lunettes sans monture, il a juste sa montre dorée, sa cravate violette, sa chemise que l'on devine un petit peu trop serrée. Cet homme, c'est Ekrem Imamoglu, maire d'Istanbul, principal opposant du président Erdogan. Monsieur le Maire parle à la caméra de son téléphone. "Des centaines de policiers sont arrivés à ma porte. La police fait irruption chez moi et frappe à ma porte. Je m'en remets à ma nation".
Il ne gesticule pas, il ne hurle pas, il dégage un calme incroyable. Sûrement, parce que cette arrestation n'est pas une totale surprise pour lui. C'est juste la suite d'une orchestration, un plan méthodique pour rayer Ekrem Imamoglu du paysage politique turc, lui qui devait être investi candidat à la présidentielle de son parti ce dimanche 23 mars. Six enquêtes contre lui sont déjà en cours. On y retrouve corruption, insultes aux autorités, menaces contre un procureur, liens terroristes avec les Kurdes du PKK. Ekrem Imamoglu vient même de se voir retirer son diplôme universitaire, soi-disant pour des irrégularités administratives.
Oh, comme c'est étrange : en Turquie, on ne peut pas se présenter à la présidentielle si l'on n'est pas diplômé. Et comme c'est étrange aussi : 5 autres maires de son parti social-démocrate et laïque, le CHP, sont déjà en prison. Un coup d'État sans char, sans armes, mais avec des juges et des policiers pour faire le ménage.
Pour le moment, les manifestations géantes dans les rues d'Istanbul n'ont pas encore glissé vers la violence, mais il y a beaucoup de tensions. A chaque heure, la tension monte. L'accès aux réseaux sociaux est restreint à Istanbul et la police a déjà fait usage de balles en caoutchouc. La femme du maire a pris la parole face à la foule, tout comme le chef de son parti. "Le maire n'est ni corrompu, ni voleur, ni terroriste. Eh Erdogan, prenez peur ! Les rues sont à nous, les places sont à nous !"
Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis plus de 20 ans, tremble-t-il ? Non, à l'évidence. Mais il pourrait avoir un peu plus de mémoire sur la façon dont naissent les héros, dont on croyait s'être débarrassés. Parce que tout cela rappelle le parcours d'un autre maire d'Istanbul. 1998, un maire jeune, ambitieux, populaire, un peu trop populaire. Un maire qui prononce un discours, récite un poème nationaliste. On le jette en prison pour ça, pendant 4 mois. On pense l'avoir brisé, mais quelques années plus tard, cet homme est devenu Premier ministre turc. Et cet homme, ce maire, vous l'avez compris, c'était Erdogan.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte