Le président Joe Biden se rend demain au Texas, après l’épisode de froid catastrophique qui a fait disjoncter le réseau électrique. Il y a eu plusieurs dizaines de morts, par hypothermie notamment, et plusieurs millions de personnes ont été privées d’électricité, de chauffage et d’eau potable pendant plusieurs jours.
Tout cela à cause d'une vague de froid polaire qui a fait chuter les températures en dessous de moins 10C°. Cela a paralysé cet état de 29 millions d’habitants, au Sud des Etats-Unis, qui est l’un des plus riches et, paradoxalement, l’un des plus gros producteurs d’énergie.
Le coût de la catastrophe pourrait dépasser les 100 milliards de dollars, ça fait près de 90 milliards d’euros. Comble de l’ironie, les habitants qui avaient souscrit un abonnement à l’électricité à prix variable se sont retrouvés avec des factures de plusieurs milliers d’euros, parfois 500 euros par jour. Ce sont des factures impossibles à payer, ce qui pourrait provoquer des faillites en chaîne de fournisseurs.
Ce qui est incroyable, c’est que le Texas était jusqu’ici considéré comme un modèle, en matière d’énergie. Il dispose d’un régime tout à fait unique, avec un réseau autonome, qui n’est pas interconnecté au reste du pays, ce qui lui a permis d’échapper à la régulation fédérale qui pèse sur les autres états. C'est un régime spécifiquement texan donc, qui a été complètement libéralisé dans les années 1990 et au début des années 2000.
D’innombrables fournisseurs d’électricité sont en concurrence, avec la liberté de fixer les prix en fonction de l’offre et de la demande. De fait, les prix habituels étaient très bas. Les fournisseurs n'ont aucune obligation d’investir dans les infrastructures pour maintenir le service en cas d’aléa climatique ou d’événement exceptionnel. Là-dessus intervient cette vague de froid, qui met en rideau les centrales au gaz en faisant geler les conduits d’acheminement, les éoliennes bloquées par le givre et même le nucléaire. Les capacités de production ont chuté brutalement de 40%, cela a provoqué un black-out.
C'est une certaine forme de libéralisation, qui ne s’est pas souciée d’un point fondamental lorsqu’on parle de biens essentiels comme l’électricité c'est la prévention des fameux "cygnes noirs", ces événements très peu probables, mais aux conséquences considérables. Pour en limiter l’impact, il faut prévoir des réseaux de secours, équiper les centrales de protection pour les températures exceptionnelles, etc. Cela coûte cher. Les opérateurs américains ne l’ont pas fait. On se disait en réalité qu’ils seraient conduits un jour à effectuer ces investissements s’ils voulaient profiter des tarifs très élevés dans les périodes de pointe. Mais il n’en a rien été.
En Europe on libéralise l'électricité de façon beaucoup plus précautionneuse qu’au Texas. Toutefois, Bruxelles conserve un logiciel idéologique inspiré par le libéralisme, et il va falloir tirer les enseignements de la crise texane. Il n’y a pas de système idéal. Le laisser-faire conduit au black-out, on vient de le voir. Mais le monopole public a aussi ses défauts. Par exemple celui d’avoir longtemps fait financer au consommateur la retraite anticipée des agents d’EDF, et de l’ex-GDF d’ailleurs, voire l’énergie gratuite pour les agents et leur famille. Cela n’est pas normal. Tout l’enjeu pour l’Europe, c’est de trouver la voie médiane, qui permette une certaine concurrence, pas totale pour ne pas fragiliser la continuité de ce service indispensable à la vie quotidienne des ménages et des entreprises.
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