Les tensions repartent de plus belle. Mais, s'étaient-elles véritablement détendues ? Samedi 8 avril, l'armée chinoise a annoncé la tenue de plusieurs journées d'exercice militaire autour de Taïwan, dont Pékin entend depuis des années prendre le contrôle. Selon la télévision chinoise, les exercices visent à réaliser un "encerclement total" de Taïwan.
Au micro de RTL, Antoine Bondaz, spécialiste de la Chine et chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) et également enseignant à Sciences Po, le martèle : "L'objectif de la Chine est de prendre, un jour ou l'autre, le contrôle de Taïwan". Depuis des années, Pékin ne cesse de renforcer sa "stratégie de pression" sur l'île. Cela s'était manifesté, par exemple, après la visite de la numéro 3 américaine, Nancy Pelosi, en août 2022.
L'invasion de l'Ukraine par la Russie a-t-elle donné des idées à Xi Jinping ? Selon l'expert, la guerre entre Kiev et Moscou n'a en rien changé les plans de la Chine. Les "inquiétudes" concernant une invasion de Taïwan par Pékin étant "croissantes" depuis plusieurs années. "Les objectifs [chinois] n'ont pas changé", d'après lui, il s'agit toujours "d'isoler Taïwan" sur la scène internationale.
Il n'en reste pas moins qu'une invasion chinoise de l'île, ou a minima un blocus autour de Taïwan, perturberait grandement la région. Même s'il n'y a "pas de présence militaire américaine forte" sur le sol taïwanais, Washington a promis une "garantie de sécurité" à Taipei, ce qui conduirait inévitablement à une réaction, "à une intervention" américaine", en cas d'invasion, estime Antoine Bondaz sur RTL. Sans aller jusqu'à cette extrémité, l'expert rappelle un chiffre : un blocus de l'île représenterait un choc de "plus de 2.000 milliards de dollars" pour l'économie mondiale.