La Chine lance des exercices militaires de "préparation au combat" dans le détroit de Taïwan

Il s'agit d'un "avertissement" aux "forces séparatistes" de Taïwan. L'armée chinoise a annoncé, ce samedi 8 avril, mener des exercices de "préparation au combat" dans le détroit de Taïwan. Quelques heures plus tard, Pékin a également annoncé procéder à des exercices "d'encerclement total" de l'île.

Une réponse par la force à une rencontre aux États-Unis de sa présidente, Tsai Ing-wen, et du troisième personnage de l'État américain.

Ces manœuvres "servent de sérieux avertissement contre la collusion entre les forces séparatistes recherchant 'l'indépendance de Taïwan' et les forces extérieures, ainsi que leurs activités provocatrices", a indiqué un porte-parole de l'armée dans un communiqué, Shi Yi.

Des exercices à tirs réels se tiendront lundi 10 avril dans le détroit de Taïwan à proximité des côtes du Fujian (est), la province qui fait face à l'île, ont par ailleurs indiqué les autorités maritimes locales. 

Taipei a estimé que ces manoeuvres menacent la "stabilité et la sécurité" dans la région Asie-Pacifique. 

En représailles au rapprochement entre Taïwan et les États-Unis

La Chine voit avec mécontentement le rapprochement à l'oeuvre ces dernières années entre les autorités taïwanaises et les États-Unis, qui, malgré l'absence de relations officielles, fournissent à l'île un soutien militaire face à Pékin depuis plusieurs décennies.

La Chine estime que Taïwan, qui compte 23 millions d'habitants, est l'une de ses provinces, qu'elle n'a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949. 

Le pouvoir chinois avait promis des "mesures fermes et énergiques", après la rencontre mercredi entre Tsai Ing-wen et Kevin McCarthy, le président de la Chambre des Représentants des États-Unis.

Les États-Unis ont reconnu la République populaire de Chine en 1979 et ne doivent en théorie avoir aucun contact officiel avec la République de Chine (Taïwan), en vertu du "principe d'une seule Chine" défendu par Pékin. 

Touristes et mer agités

Depuis jeudi 6 avril, Pékin accentue la pression militaire sur Taïwan avec l'envoi de navires de guerre et d'aéronefs dans le détroit. Et ce samedi, l'armée chinoise a annoncé trois jours d'exercices "de préparation au combat" ainsi que des "patrouilles de police" dans le détroit de Taïwan.


La zone concernée se trouve autour de Pingtan, le point de Chine continentale le plus proche de Taïwan, selon les coordonnées communiquées vendredi par les autorités maritimes du Fujian.


Depuis plusieurs jours, la Chine a renforcé la présence de ses garde-côtes dans le détroit pour des patrouilles exceptionnelles. Samedi matin à Pingtan, le point le plus proche de Taïwan au sud-est de la Chine, des touristes observaient les eaux agitées de la mer mais aucune activité militaire notable n'était visible.

Vendredi 7 avril, des journalistes de l'Agence France Presse (AFP) sur place ont aperçu un navire militaire et au moins deux hélicoptères militaires transiter par le détroit de Taïwan. Il n'était toutefois pas clair si ces mouvements représentaient une augmentation du nombre habituel de patrouilles chinoises dans la zone.

Un précédent à l'été 2022

En août, Pékin avait lancé des manoeuvres militaires sans précédent autour de Taïwan lorsque la démocrate Nancy Pelosi, qui a précédé Kevin McCarthy au perchoir, s'était rendue sur l'île. La réponse à ce stade à la rencontre avec le numéro trois américain n'a rien de comparable avec l'été 2022. Elle met cependant Taipei en état d'alerte.

Le ministère de la Défense taïwanais a affirmé samedi lors de son point quotidien de début de journée avoir détecté 13 aéronefs et trois bateaux de guerre chinois autour de l'île.

Ces manoeuvres militaires interviennent au lendemain d'une visite d'État en Chine d'Emmanuel Macron, au cours de laquelle la question de Taïwan a été évoquée avec le président chinois Xi Jinping. "La conversation a été dense et franche" à ce sujet, a indiqué vendredi l'Élysée.

"Quiconque pense que la Chine va faire des compromis sur Taïwan se berce d'illusions", a de son côté assuré jeudi Xi Jinping à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lors d'une rencontre à Pékin, selon des propos rapportés par la diplomatie chinoise.

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